Thomas P. Terlikowski
Les libéraux et la gauche ne parviennent pas à se libérer de certains schémas
Traduction du polonais Irena Elster
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Plus aucun doute. Malgré les mensonges qu’on nous assenait pendant la moitié de la nuit, l’assassin n’était pas un radicalisé de droite mais un musulman. Les récits de « l’Allemand d’origine iranienne » n’y changeront rien – écrit le rédacteur en chef de Télévision Republika, Thomas Terlikowski, après la tuerie de Munich.
Après de nombreuses heures de désinformation, de suggestions, que l’assassin de Munich était un extrémiste de droite, il s’avère qu’il s’agissait quand même d’un musulman. Et pas moyen d’en faire un catholique bavarois. Mais ce n’est pas la seule conséquence qu’on puisse en tirer. Les plus pertinentes sont ailleurs.
Premièrement, la situation d’hier montre clairement – que malgré les affirmations des médias américains lesquels, depuis des heures, citent des témoins attestant l’origine musulmane de l’assassin, les services de police allemands affirment mordicus qu’on ne savait rien des sources musulmanes de l’agression, tandis que les experts suggéraient, que derrière ces actes se trouvait l’extrême droite – la situation d’hier illustre clairement que l’opinion répandue que nous vivons dans une société de l’information, relève de l’affabulation. Il s’agit, en réalité, de désin-formation ; celui qui détient le pouvoir sur les médias, (et le travail d’ajustement de l’Internet est en cours), peut librement désinformer et induire les lecteurs en erreur.
Deuxièmement, cet attentat montre, et ce, avec une justesse catégorique, que l’islam occidental s’est, désormais, modelé. Car si, effectivement, le terroriste était iranien, il est probable (quoiqu’incertain) qu’il fut chiite. Par contre ISIS est une organisation sunnite laquelle combat les chiites. Sauf que, du point de vue d’un jeune habitant de l’Occident, frustré, ce n’est pas si important. L’important étant : le Califat combat l’Occident que, pour différentes raisons, le jeune homme déteste. Comme si cela ne suffisait pas, l’islam occidental, surtout parmi les « combattants » fraîchement engagés, ignore souvent les antinomies et même les plus basiques. Ce qui démontre aussi que le djihadisme est en réalité un islam occidental. Ce qui relie les dhijadistes c’est la haine de l’Occident, des règles idéologiques très simples, et l’envie de conquérir de nouveaux terrains pour Allah.
La troisième réflexion est tout aussi évidente. Les attentats successifs démontrent que la thèse de l’équivalence de toutes les religions (toutes aussi bonnes, aussi sincères, toutes menant vers Dieu, ou toutes aussi malveillantes, aussi barbares) est fausse. Il n’existe pas de telle égalité, tout comme il n’existe pas de structure de religion identique. Ce qui, pour les chrétiens, est évident, à savoir que la religion n’est pas une idéologie, pour les musulmans, il n’en est pas de même. La séparation de l’Église et de l’État, fondamentale pour les catholiques, n’est pas évidente pour les orthodoxes (bien qu’il s’agisse toujours de chrétiens), et l’est encore moins, pour ne pas dire, inaccessible, pour les musulmans. Pour eux, la religion et la politique, la religion et l’idéologie forment un tout. Il n’y a pas de séparation entre ce qui relève de la politique et ce qui relève de la religion.
Du point de vue purement rationnel, l’affirmation selon laquelle – si l’on écartait l’idéologie de l’islam et l’on se contentait de la religion elle-même, celle-ci serait une belle apologie de l’amour et de la paix – est fausse. Rien que le personnage de Mahomet atteste du contraire, de plus on ne peut retirer de l’islam la vie sociale, la construction de l’état et l’élaboration de la politique. Elles sont inscrites dans l’islam. La séparation de ces divers aspects serait, en réalité, une dissolution de l’islam, une substitution par une nouvelle religion, et une trahison envers Mahomet.
Et enfin, la triste réflexion du débat au sujet des attentats. Les libéraux et la gauche, ainsi qu’une partie de la droite politiquement correcte, ne sont pas en mesure de s’émanciper de certains schémas. C’est pourquoi chaque tentative de démontrer la source islamiste religieuse des violences, est considérée comme raciste et xénophobe (pourtant l’islam ne relève ni d’une race ni d’une nationalité) voire agressive. Et tout cela, au moment où les Européens sont assassinés par les adeptes de l’islam, une partie, et non des moindres, des élites européennes – politiques ou médiatiques – continue de lutter principalement contre les chrétiens et la droite conservatrice. Absurdité ? Peut-être, mais parfois lorsque le bon Dieu veut punir quelqu’un, il lui retire la capacité de penser. N’est-ce pas ce qu’il se passe en ce moment avec les élites européennes ?
Tomasz P. Terlikowski
Tłumaczenie na francuski Irena Elster
art. paru le 23/07 à 18 h 53