Il suffit de jeter un petit coup d'oeil sur la page de discussion de Wikipédia sur cette icône de gauche , défendu pieds et ongles naguère par un BHL (jusqu'à écrire, en plus d'une préface, une lettre à l'ancien président Brésilien, Lula, afin d'empêcher en 2009 son extradition) pour évaluer les charges, réelles (même Robert Badinter s'en était ému, sans parler de la gauche…italienne…) qui pesèrent à son encontre (trois meurtres plus une complicité via une incitation à en commettre un autre) sans pour autant émouvoir notre belle intelligentsia devenue aujourd'hui si banalement factuelle au vu de son extradition actuelle réussie.
Pourquoi, malgré le livre du journaliste Karl Laske, La mémoire du plomb, qui met à mal un tel soutien sans conditions, mais à l'identique de ce qui s'est passé pour un Pierre Goldman qui, accusé de plusieurs meurtres a pu non seulement se sortir, lui, des griffes de la justice (il fut assassiné par la suite) mais fut, passionnément soutenu, par l'intelligentsia française (Sartre, Simone de Beauvoir…) pourquoi un César Battisti eut lui aussi l'apanage d'un tel soutien?…
Si l'on met de côté l'aspect "condamnation injuste" à la Hugo ou à la Zola, écartée par la…gauche italienne, il y a déjà l'aspect "esthétique" voire contradictoirement jouissif incarné naguère par un Jean Genet légitimant ne serait-ce que dans un écrit théâtral comme les Bonnes le fait d'assassiner un "bourgeois". Les assassinés réels ou supposés d'un Goldman et d'un Battisti ne sont-ils pas eux aussi représentants de la classe honnie ou à sa botte (pharmaciennes, gardien de prison, policier)?
Il y a aussi, mêlée à cette première sédimentation, une couche de fascination, morbide, pour les écrits de Sade qui alimentent abondamment (encore) les courants Bataille-Blanchot-Foucault-Deleuze-Guattari d'une part, Derrida-Lyotard-Sollers d'autre part (Moix en dernier avatar, reprochant récemment à Onfray sa charge contre Sade) une fascination (fascisante selon Pasolini à la suite de Walter Benjamin le reprochant à Bataille) pour l'image, absolue, de "la" mort, impavide, inexorable, beauté et mort échangeant leurs signes d'ailleurs, seul universel admis ; une fascination partagée par un Bertollucci (la façon dont il absout le viol de Maria Schneider dans Le dernier Tango à Paris).
À cela se mélangent en troisième couche les pigments proprement politiques de l'assassinat "nécessaire": du genre "on ne fait pas une omelette sans casser des oeufs" ; ce qui explique alors la manière dont toute une gauche y compris "modérée" a renoué avec l'imaginaire de la violence révolutionnaire théorisée par un Sorel (reprenant mais en moins bien St Just ce Raspoutine de Robespierre d'où le dédain de Lénine à son encontre) "terreur" mise en pratique par le couple infernal Lénine-Trotski (bien plus que Bakounine) dont Staline puis Mao ne furent que les bras armés, Castro et Guévara les bons élèves sans parler de leurs compères sartriens au FLN "algérien", sans oublier le soutien d'un Edwy Plenel aux palestinistes meurtriers des athlètes israéliens à Munich, le pompon étant à remettre aux "révolutionnaires" du style Pol Pot également soutenu par l'intelligentsia française.
Cette fascination multiforme envers une violence mêlant esthétique et politique est aussi à repérer dans ce soutien silencieux mais parfois véhément aux meurtres et viols effectués par ces "migrants" immédiatement excusés, leurs noms effacés, leurs actes relégués à du "fait divers d'extrême droite" par le fait, seul, de le souligner.
Ne parlons pas de la violence au quotidien réduite à de l'incivilité… Tout cela relève de la même philosophie, celle de ne voir qu'une seule violence celle repérable dans l'oeil du voisin (celui aujourd'hui "des" gilets jaunes) en minimisant la sienne pourtant de la taille d'une poutre.