28 mai 2023

Le gouvernement français est-il libéral?


Revenons encore sur ces deux contrats afin de s'en servir comme exemple (nous reparlerons de l'antilibéralisme chiraquien -ou chiracogauchisme- en second lieu).

1/
Que veulent les entrepreneurs en priorité, en particulier ceux qui managent moins de vingt salariés ? La facilité de licenciement ? Non. Ils veulent la diminution des charges, "verrou" majeur qui empêche justement l'embauche. Et par là diminue de fait l'activité puisque les entrepreneurs dont les produits ou les services plaisent ne peuvent fournir car en embauchant dans les conditions actuelles leur bénéfice irait uniquement à recouvrir l'augmentation des charges qui en résulteraient ou alors le bénéfice serait si ridicule qu'il ne payerait pas de toute façon le nombre d'heures supplémentaires fournies souvent par l'entrepreneur lui-même.

Les personnes que j'ai interviewé me l'ont confirmé (du moins hors caméra…) : sitôt atteint un certain chiffre d'affaires, elles freinent leur activité pour ne pas entrer dans la spirale des coûts. Démultipliez ce problème (à vrai dire récurrent : ce n'est guère un scoop évidemment…) et vous comprendrez pourquoi SEB va désormais en Chine. Alors que dans le même temps de plus en plus d'étrangers se pressent aux frontières pour bénéficier de la protection sociale, -(bénéficiant par ailleurs plutôt aux familles nombreuses qu'aux personnes de "souche" souvent monoparentales et n'ayant qu'un à deux enfants ce qui leur interdit d'avoir une aide suffisante, malgré l'allocation parent isolé)-, ce qui en réalité scie la branche sur laquelle "le modèle social français" est assis : l'activité économique, qui est pourtant, soit dit en passant, et pour l'essentiel, supporté par les petites et moyennes entreprises….Par ailleurs cela aggrave les tensions culturelles, c'est le moins que l'on puisse dire…

Or, d'une part, en dynamisant (non artificiellement) l'activité on incite évidemment plus à consommer et/ou à épargner, ce qui renforce et l'activité et le crédit/investissement : c'est l'effet multiplicateur, sans ses effets pervers (comme les déficits publics…).
Et, d'autre part, on peut faire bien mieux dans la protection "sociale" que ne le pensent généralement la gauche, les syndicats, et…la droite (qui est rappelons-le, aussi libérale que la lune est carré). Comment ? La réponse est simple, du moins techniquement parlant, même s'il faudra du temps et des étapes pour y arriver :

Il s'agirait de donner tout le salaire brut au travailleur (ce qui augmente d'emblée son pouvoir d'achat) afin de choisir ce que l'on pourrait nommer l'assurance globale de son choix qui comprendrait diverses allocations (dont la formation), moins les charges patronales néanmoins, les deux tiers disparaissant, l'autre tiers allant à un Fonds global de sécurité qui renforcerait l'assurance globale, déjà en assurant la transition vers le libre choix (conformément par ailleurs aux directives européennes).

L'avantage ? Il est triple :

-en permettant la concurrence, une compétivité accrue peut apparaître, ce qui se traduira par une innovation dans les offres;

-cette concurrence peut se mutualiser à l'extérieur, -(ce qui lui permettra d'atteindre la taille critique afin de pouvoir défier les grands groupes anglosaxons et allemands d'assurance qui, d'ailleurs, aujourd'hui, débarquent en Chine…)-, et se mutualiser à l'intérieur afin de faire des économies d'échelle d'une part concernant les équipements lourds et les maladies longues durées, et, d'autre part, de renforcer le Fonds global de sécurité : par exemple en lui versant quelques pourcentages déductibles, en progressivité, des impôts (qui, eux-mêmes, diminueront au fur et à mesure que tout le dispositif expliqué ci-dessus et ci-dessous fera son effet) ;

-cette dynamique engendrera nécessairement de l'activité puisqu'elle ne sera plus un frein à l'embauche mais au contraire la garantie simultanée d'une souplesse et d'une solidarité que la pensée conservatrice de droite et de gauche imagine incompatibles en s'appuyant sur des exemples qui relèvent bien plus d'ailleurs de sociétés post-communistes ou pré-capitalistes (les USA ont une protection sociale, y compris pour les plus démunis contrairement à ce qui est dit, et elle a été en plus réformée sous…Clinton, Blair s'en est inspiré d'ailleurs…tandis que l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Asie sont, politiquement, des sociétés dirigistes, claniques, dominées par des phratries de type seigneurial ou relevant du phénomène des castes).

En même temps, cette réelle libération du choix doit s'accompagner d'une autonomie accrue, voire une indépendance, de tous les services d'intérêts généraux (sous surveillance d'une instance de régulation responsable devant le Parlement) ; ce qui impliquera à terme de les ouvrir au marché afin que l'apport de capitaux puisse simultanément augmenter la dimension de l'offre en améliorant sa qualité (comme le demandent par exemples les présidents d'université), et, par ailleurs, de diminuer la charge du budget de l'Etat les concernant ; ce qui aurait pour résultat, d'une part, de diminuer la pression fiscale et donc de favoriser l'investissement la consommation l'emploi ; d'autre part, cela dégagerait des finances pour réformer la justice, pour renforcer la formation de la police et améliorer la présence française à l'étranger par le biais d'une francophonie réformée.

Car en réalité la pensée libérale -(qui autrefois, au XIXème siècle, incluait les penseurs de gauche puisque c'est elle qui a imposé, contre les conservateurs, les libertés de la presse, du droit de grève et de la protection sociale)- combat bien plus pour le partage de la prospérité en permettant à tout le peuple d'y avoir accès, que les partisans étatico-dirigistes qui prétendent faire son bonheur…à sa place.

2/ Et précisément, sur le plan strictement politique cette fois, il est donc patent de constater que le chiraquisme, antilibéral comme il l'affirme lui-même, s'avère être en réalité un étatico-dirigisme poursuivant la dynamique jacobine (elle-même ayant parachevé plutôt qu'aboli la politique de la monarchie absolue), c'est-à-dire en désirant s'occuper de tout, y compris du contenu des contrats de travail qui devrait plutôt découler de la négociation, civile, entre acteurs, sous couvert bien entendu d'un certain nombre de points de passage obligé garantis constitutionnellement et que l'on peut même renforcer comme le droit d'avoir accès à une formation tout le long de sa vie, le nombre d'heures incompressible pour les travaux pénibles, l'âge limite d'accès au travail (alors que l'âge de retrait devrait être laissé libre) etc.

Quel serait par ailleurs une réelle politique libérale en matière institutionnelle en France, c'est-à-dire fondée sur la volonté populaire, ce qui implique une meilleure gestion de ses intérêts ? Il est possible d'en repérer les contours en deux phrases (a et b).

a/ Ainsi, du fait de l'histoire spécifique de la France, c'est-à-dire de sa création comme nation à la fois une et diverse, il s'agira de donner aux assemblées nationales et régionales (qui sont la base de l'édifice, l'exécutif étant chargé précisément d'exécuter…) deux tâches à la fois distinctes et complémentaires : celle d'une part de gouverner la France, d'autre part de défendre ses intérêts en Europe et dans le monde.

b/ Comment le faire concrêtement ? De la façon suivante : chaque parlement régional se verra confier une question générale intéressant tout le pays : par exemple la Bretagne aura pour charge de penser à la réforme et au suivi permanent du système d'enseignement dans toute la France. Et ainsi de suite pour la santé, l'aménagement du territoire. Puis la Bretagne proposera son projet à l'assemblée des parlements régionaux. Qui tranchera en dernier lieu? Le Parlement national, et, plus précisément, le Sénat, regroupant, justement, les élus locaux mais dans un cadre national. L'assemblée nationale, c'est-à-dire les députés, elle, se chargera uniquement des affaires européennes et internationales. L'intérêt d'une organisation ? Elle est double : d'une part elle permettra à la fois de prendre plus de temps pour étudier les détails d'une question et à la fois de renforcer la cohésion nationale puisque les régions se verront confier des questions qui dépassent leurs propres intérêts forcément centripètes ; d'autre part, cela laissera aux députés élus sur la base d'un programme général et national de défendre au mieux les intérêts de la France dans son ensemble, c'est-à-dire sa destinée qui l'a faite défenseuse intransigeante de l'universel et, aujourd'hui, défenseuse de la diversité culturelle, (universalité et diversité se complétant au lieu de s'opposer comme dans le multiculturalisme).

Mais que deviendrait l'exécutif dans ce dispositif ?

Aux niveaux des parlements régionaux et du parlement national, l'exécutif est issu de leurs rangs. Ce qui veut dire qu'au niveau national le Premier ministre et son gouvernement serait choisi au sein du Parlement et plus précisément au sein du Sénat concernant les affaires intérieures françaises ; concernant les affaires extérieures, les ministres seraient plutôt choisis parmi les députés… Quant à la fonction du Président de la République, elle peut être préservée en tant qu'elle serait le garant de la bonne marche des institutions : par exemple en se faisant porte parole de la fonction référendaire, c'est-à-dire en
défendant éventuellement auprès des assemblées telle ou telle pétition populaire ; en ayant un droit de véto et toujours le pouvoir de dissoudre si l'urgence l'exige.

Une vraie politique libérale, -j'ajouterai pour ma part le terme néo-moderne (afin de marquer son orientation vers le qualitatif et la prospérité en direction, réelle, du peuple), une vraie politique libérale néo-moderne reprendrait à son compte l'ensemble des propositions faites ci-dessus en matière économique et institutionnelle ; en observant la politique actuelle du pouvoir chiraquien on voit bien que l'on est bien loin du compte et pis encore elle scie toute possibilité de bien faire comprendre au peuple de France que loin de lui nuire la liberté retrouvée permettrait au contraire de le sécuriser et de l'encourager à se laisser aller à son réel tempérament celui de l'intrépidité qui faisait autrefois dire qu'impossible n'est pas français…

4 novembre 2006

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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