Premier article : La victoire du Hamas est une bonne nouvelle
Par Jeff Jacoby
Les réactions occidentales aux résultats de l’élection palestinienne la semaine dernière se classent essentiellement en deux variétés : hautement négative, et décidément indécise.
Dans la première catégorie, il y avait le Premier Ministre italien Silvio Berlusconi, qui a gémi que la victoire du Hamas sur le Fatah était un ” très, très, très mauvais résultat “. A New York, ” l’Anti Defamation League ” [ADL : association américaine de lutte contre l’antisémitisme, ndt] à émis l’avis que les résultats étaient un immense pad en arrière pour la région et pour les intérêts américains “.
Mais beaucoup d’autres ont insisté pour dire que la signification de sélection ne pouvait être connue jusqu’à ce que le Hamas décide si oui ou non il abandonne son principal objectif : la liquidation d’Israël et son remplacement par une dictature islamiste. Selon les termes du directeur du FBI Robert Mueller, ” le Hamas a un choix à faire “. C’était une opinion reprise partout, depuis le Ministère de Affaires Etrangères britannique ‘ “C’est au Hamas de choisir. Nous devrons attendre et voir “) jusqu’à la page éditoriale du New York Times (” Le Hamas a le choix entre gouverner et la terreur “).
Bien, mettez moi dans un troisième camp : je crois que la victoire éclatante du Hamas est de loin le meilleur résultat que nous pouvions espérer.
Je dis cela non pas parce que le Hamas est autre chose qu’un groupe terroriste trempé de sang, responsable de l’assassinat ou de la mutilation de milliers d’innocentes victimes, mais parce que sa victoire irrationnelle est un constat de réalité sans ambiguïté sur la vraie nature de la société palestinienne. Et s’il y a une chose dont l’Occident a décidément besoin, c’est de plus de réalisme et moins d’illusion sur les Palestiniens.
Une part de ces illusions a été démontrée à la Maison Blanche jeudi, quand le Président Bush a dépeint l’élection palestinienne comme un exercice ” sain ” et ” intéressant “ans la réforme civique :
” Evidemment, le peuple n’était pas satisfait avec le statu quo “, expliqua Bush. ” Les gens exigent un gouvernement honnête. Les gens veulent des services. Ils veulent être en mesure d’élever leurs enfants dans un environnement dans lequel ils peuvent avoir une éducation décente et où ils peuvent trouver des soins médicaux. Et donc les élections devraient ouvrir les yeux de la vieille garde là-bas dans les territoires palestiniens…. Il y a quelque chose de sain dans un système qui fait cela. Et donc les élections d’hier ont été très intéressantes “.
S’il vous plaît, Monsieur le Président, si une liste de skinheads, candidats néonazis déferlaient au pouvoir dans une élection européenne, diriez-vous que les électeurs recherchaient un ” honnête gouvernement ” et des ” services ” ? Les Palestiniens ne sont pas stupides, et c’est une insulte à leur intelligence de prétendre que s’ils ont voté pour donner le pouvoir à une organisation génocidaire avec une plateforme tirée tout droit de ” Mein Kampf “, ce qu’ils recherchent vraiment c’est un meilleur système de santé. L’extrémisme islamiste n’est pas nécessaire pour réparer les hôpitaux palestiniens pas plus que le fascisme n’était nécessaire pour conduire les trains italiens à l’heure dans les années 1920. si les Palestiniens se sont tournés en masse pour élire un parti qui sans la moindre contrition en appelle à la haine et au meurtre de masse, il vaut mieux parier que la haine et le meurtre de masse a quelque chose à voir avec le nettoyage.
Avec un pareil jeton, les nouveaux devoirs du Hamas ne vont pas le transformer en un groupe modéré de fonctionnaires diligents. Quand des islamistes violents gagnent le pouvoir politique, leur brutalité et leur zèle ne diminue pas. (Voyez Khomeiny et les ayatollahs ; les Talibans en Afghanistan). La notion que le Hamas a maintenant ” un choix à faire ” est simplement un autre exemple de mode pensée illusoire qui est si envahissante quand on en vient à l’Autorité Palestinienne.
Dans ses remarques jeudi, Bush a poursuivi en disant qu’il ne ” voyait pas comment vous pouvez être un partenaire de paix si vous prônez la destruction d’un pays comme élément de votre plateforme politique ” ou ” si votre parti conserve une branche armée “. Donc a-t-il dit, la Hamas est ” un parti avec lequel nous ne traiterons pas “. si cela signifie que l’administration Bush dédaignera le nouveau gouvernement du Hamas comme il a naguère dédaigné Yasser Arafat, c’est bel et bon. Mais pourquoi Mahmoud Abbas a-t-il été traité différemment ? Comme le Hamas, le Fatah – la faction OLP que Abbas et Arafat ont fondée il y 45 ans – prône la destruction d’Israël dans sa charte fondamentale. Comme le Hamas, le Fatah contrôle une ” branche armée ” – les brigades des martyrs d’al Aqsa – qui est coupable d’horribles attaques terroristes. L’emblème du Fatah montre des fusils croisés sur une carte d e “Palestine ” qui dessine tout Israël ; sur l’emblème du Hamas, la carte est la même, mais les armes croisées sont des sabres. Les seules différences importantes entre le parti Fatah sortant, et le parti Hamas entrant à la direction est que pour des motifs de Relations Publiques [PR], les précédents prétendent parfois accepter le droit d’Israël à l’existence, alors que les derniers sont ouvertement, sans le moindre voile, engagés dans l’élimination d’Israël.
Pourtant c’est exactement en cela que la victoire est une bonne nouvelle. Cela clarifie et chasse l’illusion. Cela rend plus difficile de souhaiter nier le fait déplaisant qu’après une douzaine d’années de mauvaise administration de l’OLP, la société palestinienne soit profondément dysfonctionnelle, nourrie de haine et de violence. Saufs les aveugles volontaires, chacun peut voir maintenant que l’Autorité Palestinienne n’est pas ” un partenaire de paix “. Jusqu’à ce qui’il soit vaincu de façon décisive et profondément désintoxiqué, le Peuple palestinien ne jouira jamais des bienfaits de la liberté et d’une bonne gouvernance. Paradoxalement, l’ascendant du Hamas peut avoir contribué à rapprocher un peu ce résultat final.
Second article : Pour Israël, la victoire du Hamas est une libération
Par Jack Kelly
Aucune personne décente ne peut être satisfaite quand un groupe terroriste obtient le pouvoir politique, en particulier dans les urnes. Mais je n’étais pas surpris de la victoire du Hamas lors des élections législatives de l’Autorité Palestinienne, et je n’en suis pas spécialement alarmé non plus.
Il y a quelque chose à dire pour clarifier. Ce qui a changé dans l’Autorité Palestinienne est moins la réalité là-bas que la capacité des libéraux en Occident de continuer de l’ignorer. Maintenant les Palestiniens seront représentés d’une seule face, plutôt que sur deux.
Le Hamas est un groupe terroriste islamique fondamentaliste, très semblable à al Qaïda. Sa ” raison d’être ” est la destruction d’Israël, et le Hamas est très franc là-dessus.
Le parti Fatah dirigeant, à qui le Hamas a flanqué une raclée, est aussi dédié à la destruction d’Israël, mais depuis longtemps sous la direction de Yasser Arafat, il était plus malin à ce sujet. M. Arafat disait une chose en Anglais aux Occidentaux qui voulaient désespérément croire qu’il était sensible à une ” solution à deux Etats “, et quelque chose de très différent en arabe aux gars du pays.
La duplicité de M. Arafat a valu de gros dividendes, particulièrement pour lui. A Oslo, Israël a accordé au Fatah un mini-Etat et l’Occident a arrosé dessus avec des Milliards de dollars en aide, dont la plus grande part a pris le chemin des comptes en banque de M. Arafat (il est mort milliardaire), et sur ceux de ses copains.
La corruption notoire au sein du Fatah a probablement beaucoup à voir avec la victoire du Hamas, comme la montée de la soif de sang l’a fait de la part des Palestiniens ordinaires. Le Hamas a cultivé ses adeptes en fournissant du bouillon de poulet et d’autres services sociaux.
Ceux, comme Jimmy Carter, qui veulent absolument garder leurs illusions, soulignent l’aspect de la corruption pour affirmer que d’une certaine manière, par une certaine voie, l’Occident peut ” fonctionner avec ” un gouvernement de l’AP dominé par le Hamas.
Pour les libéraux, obtenir et maintenir le pouvoir politique est le but et la fin de tout. Ils diront quelque chose, et feront quelque chose (cela n’implique pas beaucoup de risques pour eux-mêmes) pour l’obtenir et le conserver. Donc ils croient que les chefs du Hamas, confrontés aux responsabilités du gouvernement, abandonneront leurs principes pour garder le pouvoir, comme les libéraux le feraient.
Mais pour le Hamas, le but et la fin de tout est la destruction d’Israël, et il n’y a absolument aucune preuve que les chefs du Hamas abandonneront cet objectif maintenant qu’ils semblent plus près de l’obtenir.
Comme cela travaille au jour glorieux où les Juifs seront jetés à la mer, le Hamas essaiera de transformer la Palestine comme l’Afghanistan sous les Talibans. Le numéro deux dans la hiérarchie du Hamas a déclaré au ‘Toronto Globe and Mail’ qu’ils s’orienteront rapidement pour imposer la loi islamique.
Le zèle islamo-fasciste du Hamas s’imposera probablement à un prix exorbitant. Environ 60 % du budget de l’AP provient de l’étranger, et d’abord de donateurs ccidentaux, parmi lesquels les Etats-Unis sont les plus importants. La plus grande part du reste provient des taxes douanières collectées par Israël au nom des Palestiniens.
Le Président Bush et la majorité des dirigeants européens ont déclaré qu’ils ne feront pas d’échanges avec un gouvernement dominé par le Hamas, et Israël pourrait décider qu’il est téméraire de collecter des taxes au nom d’un mini-Etat dédié à la destruction de l’Etat d’Israël.
Une part du déficit sera certainement couverte par l’Iran. Mais il y a des limites à ce que les mollahs peuvent faire. L’Iran a elle-même de sérieux problèmes financiers, et la majorité des iraniens – qui ne sont ni Arabes ni des Musulmans sunnites – n’ont pas d’atomes crochus avec les Palestiniens.
Une relation serrée avec l’Iran, associée à la probabilité que la plus grande fraction d’al Qaïda se réinstallera dans l’AP (les évènements chauffent beaucoup trop en Irak) seront de nouvelles barrières à l’aide de l’Occident, sans laquelle l’AP ne peut pas survivre.
Le Hamas déterminera qu’il y a là des complications pour gouverner. Dans le passé, le Hamas pouvait se consacrer totalement au jihad. Désormais, il doit prêter au moins quelque attention aux égouts, aux écoles et aux nids de poule. Et le Hamas doit partager le pouvoir avec le Président Mahmoud Abbas, à qui rapportent les services de sécurité dominés par le Fatah. La guerre civile que les journalistes ont prédite depuis longtemps en Irak pourrait bien exploser bientôt en ” Palestine “.
Pour Israël, la victoire du Hamas est une libération. Elle clarifie aussi bien pour le public israélien et le monde entier que la haine palestinienne de l’Etat juif brûle aussi intensément qu’en 1948, et chaque année depuis.
La réponse israélienne au terrorisme palestinien a été paralysée durant les années où le monde prétendait qu’il y avait quelque chose comme un ” processus de paix “. (Beaucoup plus de civils israéliens ont été assassinés pendant les 13 années de ” paix ” depuis les accords d’Oslo que pendant les 45 années d’hostilités qui les ont précédées). Maintenant que les Palestiniens ont arraché leurs masques, les gants d’Israël peuvent aussi être retirés.