15 janvier 2025
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Esther BENBASSA, l’anti Bat Ye’or, jette le masque…

Je commenterai entre parenthèses et en italique :


Où passe la frontière entre l’islam et le terrorisme, le musulman fréquentable et l’agent de Ben Laden, le bon «citoyen» et le vilain «communautariste», le Palestinien résistant à une impitoyable occupation militaire et le «suppôt des intégristes»? A la lecture des discours dominants en Europe et en France, il devient de plus en plus difficile de le dire: pour rester un interlocuteur acceptable, il semble qu’un musulman ne doive plus être seulement «laïque», mais aussi abdiquer, le verre de vin à la main, les marqueurs de son appartenance religieuse et/ou culturelle. A défaut, les peurs qu’il suscite sont capables de déstabiliser certains éléments de l’intelligentsia française, d’ébranler leurs sacro-saints principes (République, citoyenneté, laïcité, etc.) ou de les conduire à en user de manière peu rigoureuse et biaisée.

(Ainsi en guise d’analyse quand à savoir s’il faut reconnaître le Hamas, qui ne reconnaît pas Israël, il serait proposé au “musulman” de boire du vin pour montrer qu’il n’est pas un agent de Ben Laden : j’aimerais savoir où exactement Benbassa a lu ce genre de revendications…).

La longue liste des raisons d’ordre humanitaire en faveur de la reprise du soutien à l’économie agonisante de la Palestine occupée a déjà été dressée. Faut-il encore en réaffirmer le bien-fondé et secouer l’hypocrisie et l’immobilisme de la France et de l’Europe ? Mais la seule démarche «humanitaire» demeure parfaitement insuffisante et, à terme, contre-productive. Elle exige des contorsions diplomatiques et juridiques intolérables : contourner le résultat de l’un des rares scrutins en pays arabe (qui s’est pourtant déroulé sous étroite surveillance internationale) à ne pas être contesté.

(c’est pourtant simple ; quelle est la principale demande de l’UE en général et du gouvernement israélien ? reconnaître Israël comme s’était engagé l’OLP…)

Le Hamas «refuse de reconnaître Israël». Mais près de dix ans après celle de l’OLP, où en sommes-nous de la reconnaissance réciproque d’un Etat palestinien par Israël, dont les frontières fluctuent au gré de ses majorités électorales et des annexions en Cisjordanie ?

( Le Hamas était contre le processus entamé à Oslo…)

Le Hamas refuse d’abandonner la violence, nous assène-t-on quotidiennement en guise d’analyse. Celui-ci a pourtant, depuis dix-huit mois, déclaré une trêve explicite et s’y est tenu.

( Faux, des roquettes artisanales sont tirées sans cesse et des attentats sont déjoués tous les jours, à croire que Benbassa ne connaît pas la tactique des organisations totalitaires, on ne voit pas pourquoi le Hamas aurait fait moins bien que l’ETA et l’IRA en guise de vitrine décente et de basses oeuvres en sous-main)…

Que dire en revanche du recours systématique aux assassinats «ciblés» (exécutions extrajudiciaires), des maisons détruites par centaines, de la canonnade incessante de la grande prison «bouclée» de Gaza ?

(Là, on croît rêver. Benbassa puise directement ses uniques sources d’information à la TV du Hezbollah libanais, sans doute…).

Le Hamas, enfin, «ne veut pas reconnaître les traités de paix» ? Mais qu’en est-il d’Israël qui, de la Feuille de route au plan saoudien de 2002 (approuvé par l’Autorité palestinienne, l’Union européenne, les Etats-Unis et l’ONU), ne les respecte pas depuis des années ? Tout cela ne signifie certes pas qu’il ne faille pas inciter le Hamas (dont le développement aurait autrefois été encouragé par Israël pour, déjà, diviser le camp palestinien) à quitter définitivement les habits du terrorisme pour ceux de la négociation et à reconnaître Israël. Mais il y a sans doute pour cela d’autres voies que le pur et simple déni de sa légitimité.

(Benbassa emploie la même tactique rhétorique que le Hamas et le Fatah : au lieu de répondre à la question elle dévie sur une autre, sans admettre que la recherche de la paix est un processus : les partisans palestiniens disaient généralement que le plan de Barak (que Omert reprend quelque peu…) était pour la construction d’un Bantoustan puisqu’il y aurait eu encore des points de passage sous contrôle israélien ; sauf que, à terme, et dans le cadre d’une réelle volonté de paix ces points se seraient sans doute estompés avec le temps, par ailleurs certains implantés juifs ont toujours dit qu’ils seraient prêts à rester sur place, quelques uns parlant même de prendre la nationalité palestinienne, ce qui prouve, au-delà de leur naïveté, leur bonne foi, celle de vivre en paix dans une société plurielle, chose que les mêmes exigent en France mais interdisent là-bas : mais cela reste compréhensible à la lumière de ce qui a été dit dès le début : à savoir l’impossibilité que l’existence d’un état israélien puisse contredire ce qui a été prévu par le coran…).

Comment parvient-on avec une telle inconscience à justifier le boycottage des urnes et, par là même, à escamoter (entre autres) le droit international ? Comment un tel unilatéralisme de l’action occidentale parvient-il à triompher aussi facilement ? A bien y regarder, si le déni de justice que nous faisons à «leurs» urnes et à «nos» principes démocratiques ne suscite pas davantage de protestations, c’est qu’il mobilise une nouvelle fois la magie des peurs instinctives de l’autre qui «parle musulman», et serait donc théocrate. En Israël non plus, il n’y a pas de séparation absolue entre l’Etat et la religion. Cela suffirait-il à le déclarer non démocratique ? Sa fondation aussi fut précédée par des actes terroristes juifs contre l’occupant britannique. Cela a-t-il disqualifié à tout jamais les Israéliens pour créer un Etat moderne ? Et que dire du poids de ces partis orthodoxes et ultraorthodoxes (pas spécialement féministes ni tolérants envers les lesbiennes-gays-bisexuels-transexuels) sans lesquels toute coalition parlementaire est souvent impossible ?

(Là l’amalgame est de règle avec toujours un comparatif qui ne tient pas : comment comparer une démocratie objectivement réelle et une potentialité uniquement basée sur des élections, chose qui par ailleurs n’a jamais été la définition du régime démocratique, on est effaré par ce manque d’informations élémentaires ; il est vrai que Benbassa n’a aucune compétence en la matière… Par ailleurs, les religieux juifs sont bien moins intolérants que les intégristes islamistes au dire de nombreux témoignages, et ils n’ont pas le pouvoir à ma connaissance à la différence du…hamas… Enfin le droit international exige la reconnaissance de deux Etats…quant aux territoires de 1967, en particulier Jérusalem, personne, hormis les musulmans intégristes, ne nie que ce sont des terres ancestrales récupérées en réalité si l’on s’en tient au projet du Foyer Juif sans remonter à l’époque romaine où cette question de “terre non juive” était une ineptie. Mais n’allons même pas jusqu’à là. Admettons que l’OLP en s’édifiant ait demandé uniquement le droit à avoir un Etat sans exiger le retour de 5 millions de palestiniens -alors qu’ils étaient 800 000 et que ce sont les pays arabes qui ont exigé d’eux qu’ils s’en aillent- admettons qu’ils aient juste voulu la paix, on ne voit pas pourquoi, après un laps de temps donné, des cohérences territoriales n’auraient pas vu le jour…).

Lorsqu’il s’agit des musulmans, principes éthiques et politiques n’opèrent pas de la même manière. «Peut-il être des nôtres, celui qui refuse de boire son verre comme les autres?» A cette question, de Philippe de Villiers à Charlie Hebdo, en passant par des pans entiers de la droite et de la gauche parlementaire, un vaste «front national» répond énergiquement non. En fait, le Hamas ne menacerait donc pas seulement l’existence de l’Etat le plus puissant de la région, soutenu par la première puissance mondiale. Il mettrait aussi en péril la «modernité», la rationalité des «Lumières» et, argument suprême sans cesse réitéré, les droits des femmes et ceux de toutes les minorités ! Là résident les motifs non avoués des mesures prises contre le nouveau gouvernement palestinien. Tout cela sans se demander pourquoi les Palestiniens ont voté pour le Hamas. Et sans mesurer les risques d’une guerre civile qui plongerait le pays dans la détresse et l’impasse.

(Encore le coup de l’obligation de boire, à croire que Benbassa à un problème avec l’alcool…Par ailleurs il est exact que l’islam politique est antimoderne, et que certains musulmans, en France, (au Canada…), qui préfèrent se reconnaître avant tout tels plutôt que citoyens français sont dans cette optique. Antimoderne ne veut pas dire être antinucléaire par exemple…Mais il est clair que l’analyse de la notion de modernité ne fait pas partie de la compétence de Benbassa… l’histoire croisée du nationalisme et de l’islam politique non plus… Quant au fait de se demander pourquoi les Palestiniens ont voté pour le Hamas, pas un mot n’est dit sur la corruption fomentée par Arafat, et l’endoctrinement des enfants depuis leur plus jeune âge : à force d’expliquer que toute la faute repose depuis 60 ans sur les épaules d’Israël, et que l’Union Européenne soutenait cette version et même payait pour l’affirmer, on ne voit pas pourquoi la population ne l’aurait pas crue à la longue… ).

Notre intérêt passionné pour la «libération des femmes musulmanes», menacées par les «intégristes», en vient insensiblement, dans le cas de la Palestine, à prendre le pas sur la défense de leur humanité la plus élémentaire. Elles ne méritent en effet notre sollicitude humaniste qu’à cause de la nature de la menace identifiée : la violence machiste de ces hommes barbus qu’elles ont pourtant massivement élus, et non celle des bulldozers ou des balles de l’armée qui perpétue son occupation. Ces femmes et leurs proches sont-ils asphyxiés économiquement et financièrement, expropriés de leurs habitations ou éliminés par les balles de l’armée d’occupation?

(Benbassa opère toujours la tactique de la réponse par une question sur un autre sujet,puis s’enfonce dans de la pure propagande où toute la faute est mise sur le dos israélien : pour une directrice de recherches censée analyser scientifiquement les problèmes on en est loin…).
Peu importe : conservons intact notre émoi pour «lutter contre l’intégrisme» du Hamas. Quitte à cautionner l’humiliation et la misère qui résultent de la suspension de l’aide internationale et de la confiscation des taxes douanières par Israël, et qui ne sont clairement pas de nature à faire reculer l’intégrisme ni le terrorisme mais, au contraire, à les nourrir.

( Bien entendu, l’idée ne lui vient pas que l’humiliation et la misère proviennent d’une situation constituée de toutes pièces par des dirigeants corrompus et des Etats arabes qui ont toujours refusé ne serait-ce qu’un plan de construction d’habitats en dur puisse soulager le sort de ces palestiniens mis sous bidonville (comme on dit mis sous le boisseau). Benbassa ne cherche pas à comprendre pourquoi le système de secours mis au point par l’ONU a été détourné pour les maintenir en état de misère. Benbassa copie les arguments castristes qui expliquent que la misère cubaine est uniquement due à l’embargo américain…).

Les projecteurs de quelques-uns de nos «journalistes d’investigation» et les «Lumières» de nos grands philosophes médiatiques se garderont bien d’éclaircir ce côté-là des ténèbres de notre temps. Depuis que, dans l’Algérie en guerre, l’épouse du général français Jacques Massu expliquait aux Algériennes que la France se devait de rester chez elles pour les «dévoiler» et donc les libérer, cette «tribalisation de l’universel» que constitue le détournement et l’instrumentalisation du combat des femmes au service de logiques de domination se poursuit avec la même ardeur et, malheureusement, la même efficacité.
(Evidemment la référence à la période algérienne devait apparaître alors que la France, en majorité, était plutôt pour voiler les nord africaines, -parce que c’est conforme à leurs racines comme on disait avant, -maintenant on parlerait d ‘identité- plutôt que de les dévoiler comme Benbassa qui veut montrer là aussi qu’elle est “compétente” en matière de souffrance algérienne, ce qui serait comique si ces propos n’étaient pas autrement plus graves…).

A coups de canon, sans pain et, surtout, sans respect, on ne «modernise» personne. Nos idées «éclairées» ont besoin de pragmatisme, plus que de ces fantômes qu’on agite pour justifier des politiques dont l’Occident a été si friand au XXe siècle et qu’il continue d’affectionner au XXIe , susceptibles de mener à l’impasse de la confrontation sans fin. “

(La conclusion, plate, en met encore un coup sur une modernité mise en italique, sans oublier ses idées qui seraient évidemment bien plus éclairées par l’islam comme chacun sait; puis Benbassa finit sur l’idée d’un colonialisme recommencé, avec un clin d’oeil aux “Indigènes de la République”, en se doutant bien qu’elle réitère cette pensée colonialiste en présupposant que l’on naît musulman, on ne le devient pas, ce qui est là en effet remettre en cause des centaines d’années d’avancée rationnelle. Benbassa a son intelligence design et il s’appelle l’islam, libre à elle, mais pas au prix de contre-vérités à répétition… On aimerait être pincé pour être réveillé de ce cauchemar qu’est devenue sa lecture à la longue, mais rien n’y fait, it’s real…).

PS : Pour en savoir plus sur son accolyte qui a signé avec Benbassa ce ralliement à l’extrême droite islamiste :

François Burgat

Lire également l’article de Victor Perez : Le Palestianisme à bout de souffle

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

Voir tous les articles de Lucien SA Oulahbib →

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