23 mars 2025
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Royaume-Uni/ L’islam dans une société d’images

En un mot : les jeunes générations musulmanes, nées et élevées en Grande-Bretagne, sont beaucoup plus radicales que les générations nées et élevées dans des pays musulmans. Comment interpréter ce phénomène ? Munira Mirza, la sociologue qui a a piloté l’enquête de Policy Exchange, estime que cette réislamisation répond avant tout à une quête d’identité, ou plus exactement d’image. Pour les parents, être musulman va de soi : c’est l’adaptation à la société britannique qui fait problème, ou plutôt la nécessité de se faire accepter par cette société. D’où une tendance, dans un sondage d’opinion, à donner spontanément les réponses modérées qu’attendent les enquêteurs. Pour les jeunes musulmans, au contraire, l’appartenance à la société britannique est un fait : le jeu consiste à afficher sa différence au sein de cette société afin de renforcer sa valeur propre, ” marchande ” ou politique. D’où une tendance à donner des réponses provocatrices.

Un autre chiffre de l’enquête Policy Exchange étaie cette analyse : en dépit de leur militantisme religieux ou communautaire, 62 % des jeunes musulmans estiment ” avoir plus de choses en commun ” avec les non-musulmans britanniques qu’avec les musulmans non-britanniques. Si l’engagement des jeunes musulmans était authentiquement idéologique ou religieux, cette affirmation n’aurait aucun sens. Mais s’il se réduit, en fait, à la mise en avant d’une image au sein d’une société d’images, la contradiction n’est en fait qu’une confirmation.

Munira Mirza estime que le gouvernement travailliste britannique est largement responsable de ces dérives ou stratégies. Jusqu’à 2005, il a en effet adhéré à une forme extrême de multiculturalisme, selon laquelle valeurs traditionnelles britanniques, pour démocratiques qu’elles fussent, devaient être révisées en fonction des valeurs des minorités ethniques ou religieuses, quelles qu’elles fussent. Depuis les attentats du 7 juillet 2005, il est revenu en partie sur cette approche. Mais en partie seulement.

Bien entendu, ce qui se passe en Grande-Bretagne n’est pas sans rapport avec ce qui se passe dans d’autres sociétés européennes. Y compris la nôtre. Aux candidats à la présidentielle de préciser leur pensée sur ce sujet.

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