Une nouvelle débâcle générale pointe son nez à l’horizon, alors que les grands esprits européens commentent la dernière perle de Hollywood. Sous le titre de “300”, celle-ci raconte l’histoire des Spartiates qui sont morts dans les Thermopyles pour arrêter l’armée du roi Perse Xerxès en 480 av. J-C. . Le décor historique a peu d’importance, puisque le récit se présente sous les traits jouissifs de la science-fiction. Le “roman graphique” dont le film est inspiré a été écrit en 1998 par Frank Miller, puis réadapté pour le cinéma. Je n’ai pas lu l’original, mais on dit le film très fidèle.
Que dire de “300” ?

Visuellement époustouflant, c’est certainement le film le plus original et le plus osé qu’Hollywood ait produit depuis des lustres. Pas de politiquement correct, pas de demi-mesure. Deux heures de spectacle oscillant entre la bande-dessinnée et le film de guerre. Rhinoceros de combat, éléphants, phalange bombardée de boules de feu, ralentis christiques… Stupéfiant.
Voilà. Pour nos chère critiques, le film s’arrête là. Magnifiques effets spéciaux, jolie musique, exploits graphiques… A les croire, “300” ne serait qu’un grand jeu vidéo que vous ne contrôlez pas. Vraiment ?
Leur laxisme n’est pas innocent. Sous ses acclamations wagnériennes, “300” roule 100% à la testostérone. Pour nos chers journalistes émasculés, ce défaut est rédhibitoire. A moins de se risquer à une greffe, ils ne peuvent apporter leur caution à cette fresque qui évoque étrangement l’héroïsme d’hommes libres, debouts, face à une horde d’envahisseurs en turbans qui leur promettent l’esclavage, la destruction totale de leur culture et intiment l’ordre à leurs femmes de se taire. Cela ne vous rappelle rien ?
Le roi spartiate Léonidas, conscient du danger, s’en réfère à la loi commune de Sparte. Aussi demande-t-il l’avis du conseil de sécurité de la ville, sans lequel il n’a pas le droit d’aller en guerre. Les sages, pourris par la lèpre, corrompus par l’ennemis, souillent l’oracle (incarnation de justice et de la vérité ?) de leurs doigts mités et refusent d’autoriser l’armée à partir en campagne. De retour chez lui, Léonidas demande à sa femme : “que dois-je faire si la loi de Sparte m’empêche de défendre les miens ?”. Et sa femme de lui répondre: “ne te demande pas ce que la loi exige, mais ce que doit faire un homme libre.” Ainsi Léonidas passe outre la loi et part combattre l’ennemi. Vous commencez à comprendre ?
Si vous êtes de la rubrique culture au Figaro ou au Monde, pas le moindre du monde. “Un film un peu creux” ai-je pu lire. Mais continuons.