Les conduites obscènes qui ont entouré l’exécution de Saddam Hussein ont montré que les institutions irakiennes sont incapables d’assurer la cohésion nécessaire à la stabilité du pays. Les explosions qui frappent les marchés et les lieux de culte expriment une irrépressible aversion réciproque entre les communautés en présence et une volonté d’en découdre, que l’État irakien n’est pas encore en mesure de réprimer.
Le dernier plan américain visant à renforcer la présence militaire à Baghdad vient compenser le déficit d’ordre dû à un parti pris sectaire de policiers irakiens.
Dans cette guerre où se mêlent règlements de comptes tribaux, rancœurs confessionnelles et plans de déstabilisation étrangers, l’homme de la rue, en Irak, est conscient que son futur immédiat est compromis. Il n’a pas d’espérances ni en termes de reconstruction et de qualité de vie ni en termes de réformes politiques.
Il l’a fait savoir dans un sondage récemment réalisé pour des télévisions américaines et anglaises : entre novembre 2005 et mars 2007, le nombre d’Irakiens qui soutiennent la démocratie a diminué de 14% et le nombre de ceux qui souhaitent une dictature ou une théocratie a augmenté de 8%. La violence a poussé de plus en plus d’Irakiens à renoncer à la perspective d’un État démocratique et à exprimer le seul besoin de sécurité : le même sondage révèle que 86% des Irakiens ont peur pour la sécurité de leur famille et veulent un État autoritaire.
La terreur a vaincu, aidée en cela par le discours qui donne d’une guerre multiple, où se mêlent guerre civile confessionnelle, guerre de clans, terrorisme transnational et guerre d’influence, une image simplifiée et fausse de guerre de résistance. L’opinion aime les simplifications. Le populisme, de plus en plus partagé, lui évite d’affronter la complexité des situations et fait l’impasse sur ces forces qui clouent une coalition qui devait, en effet, repartir bien plus tôt.
Alors, “US go home”. C’est tellement plus simple ! Et ça fait “avec les faibles et contre les forts”. Comme au bien vieux de temps de la guerre du Viêt-Nam, du non-alignement, de l’anti-impérialisme, des révolutionnaires de terrasse, de la bonne musique et des “hippies”.
Mustapha Hammouche