Je ne sais pas si vous avez vu au cinéma « Truman Show » mais, si ce n’est pas le cas, faites-le – ne serait-ce que pour savourer la prestation de Jim Carrey – et vous me comprendrez mieux. Je reçois de nombreux commentaires qui convergent vers un même sentiment d’angoisse : le monde dans lequel nous avons vécu est en train de s’effondrer.
Il est dans la nature des choses de bouger. Je ne veux pas faire état de mes problèmes personnels car tel n’est pas le but de ma chronique même l’écriture m’aide à franchir des caps. Mais comme le héros malheureux du Truman Show, la période que je vis en ce moment me donne le sentiment de découvrir enfin la réalité après avoir vécu dans un décor artificiel, entouré d’intrigues, de simulacres et de mensonges. A 45 ans, je me réveille à la vie, je sors d’un coma artificiel prolongé. Mieux vaut tard que jamais…
Il est dans la nature des choses de changer. Mais notre pays n’est-il pas le héros malheureux du même scénario diabolique ? La France a cru pouvoir vivre dans une bulle qui la protégerait du monde extérieur, comme si le danger venait nécessairement de l’extérieur. La France a cru vivre dans une bulle qui la protégerait du changement : on pensait maintenir nos habitudes et nos acquis, sans rien lâcher en échange, en demandant toujours plus aux autres mais en donnant toujours moins de nous-mêmes.
Et l’Etat, dans sa grande bienveillance et dans son absolue omniscience (ce qui est une double illusion), serait l’arbitre ultime de nos revendications corporatistes en tout genre, comme si l’Etat pouvait exister en dehors de nous-mêmes.
Mais, plus les français demandaient des moyens à l’Etat, plus l’Etat lâchait et plus les français s’appauvrissaient. Et, en plus, ils ne comprennent pas pourquoi puisque les gouvernants camouflent tous les mécanismes de prélèvements dans une complexité administrative dont ils perdent eux-mêmes le contrôle. C’est parce que nous nous sommes enfermés depuis les années 70 dans une pratique systématique de la relance sur fond de redistribution collective des revenus, que les gouvernements successifs de la France ont compromis gravement le potentiel de croissance du pays. Et dans la pénurie, les appétits s’aiguisent.
Quand les passagers prennent conscience que le Titanic coule vraiment, ils sont alors prêts à s’étriper pour avoir une place dans les embarcations de sauvetage.
Un individu ne peut pas vivre indéfiniment dans une illusion de vérité. Sinon, il se condamne à être toujours triste et malheureux, sentant bien qu’il vit au milieu de marionnettes. Mais une Nation ne peut pas indéfiniment se mentir à elle-même sauf à se condamner à l’effondrement.
Perpignan, le 2 mars 2009
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