24 mars 2023

De la manipulation des esprits

Analyse de quelques procédés utilisés par les socialistes
 
Pour ceux qui s’intéressent aux techniques de manipulation mentale dans le domaine de la propagande politique, l’analyse du discours des socialistes apporte de nombreuses réjouissances. Toute personne dotée d’esprit critique peut s’amuser à repérer les techniques utilisées, qui vont des plus fines (le paralogisme) aux plus grossières (la « pensée par slogan » qui est une non-pensée). J’ai choisi pour commencer un exemple parmi d’autres de paralogisme, sur un thème d’actualité. Comme chacun a pu le remarquer en regardant la télévision, ou en lisant les journaux, les socialistes annoncent et répètent à qui mieux mieux que s’ils sont élus, ils imposeront lourdement les plus riches. Il est toujours difficile de situer le seuil au-delà duquel on appartient de plein droit à cette catégorie, mais on peut supposer qu’il s’agit des revenus annuels supérieurs à 80000 ou à 100000 euros. Peu importe ici le montant exact, seul compte l’ordre de grandeur qui permet au contribuable lambda de se situer sur une échelle de revenus. Je m’aperçois, en discutant avec mes concitoyens, qu’ils sont assez nombreux à se sentir en sécurité du fait qu’ils gagnent beaucoup moins de 80000 euros. Ils sont persuadés que leurs impôts n’augmenteront pas, vu que ce sont les riches qu’il s’agit de taxer. Certains croient même que leurs impôts diminueront du fait que la contribution fiscale des plus riches augmentera. « Ouf ! se disent-ils, c’est sur les plus riches que le poids va porter, pas sur nous ». Et ils sont rassurés par cette idée. Mais cette idée est une simple croyance, comme nous allons le démontrer.
 
Considérons en effet le raisonnement suivant :
Si P alors Q
Or non Q
Donc non P
Ce raisonnement est valide. Il nous arrive, avant de sortir de notre appartement, de vérifier qu’il ne pleut pas. Nous regardons alors par la fenêtre et faisons mentalement (même inconsciemment) le raisonnement suivant :
S’il pleuvait, le trottoir serait mouillé
Or le trottoir est sec
Donc il ne pleut pas
Mais si je dis (sans regarder par la fenêtre) :
S’il pleuvait, le trottoir serait mouillé
Or il ne pleut pas
Donc le trottoir est sec,
Mon raisonnement n’est pas valide ; en effet, le trottoir peut être mouillé quand même, à cause d’une balayeuse mécanique par exemple.
Ainsi, j’ai raison d’affirmer
Si P alors Q
Or non Q
Donc non P
mais je raisonne très mal quand je dis :
Si P alors Q
Or non P
Donc non Q.
C’est là un cas de paralogisme par négation de l’antécédent.
Finalement il faut se dire :
Si je suis riche je serai taxé
Or je ne suis pas riche
Donc – il n’y a pas de conclusion.
 
Les socialistes peuvent compter sur l’incompétence logique des électeurs, de plus en plus atteints par la déculturation de masse. Le contribuable qui gagne environ 3000 euros par mois, soit un total annuel de 36000, et qui n’est pas riche pour autant s’il paye chaque mois 900 euros de loyer, 200 euros de charges, 400 de pension alimentaire, 300 d’impôts divers, 150 de carburant, 200 de mutuelles et assurances diverses (car il lui faut également se nourrir, se vêtir et faire de temps en temps des cadeaux à sa famille) peut tomber dans le piège et se croire à l’abri de toute augmentation d’impôts qui réduirait encore son pouvoir d’achat, déjà bien entamé. Mais, dira-t-on, il n’y a pas de piège : s’il veut savoir ce qui est prévu par les socialistes, il lui suffit de consulter tout simplement leur programme électoral. Dans ce cas, toute l’analyse qui précède est fausse, car le paralogisme ne « fonctionne » qu’en l’absence d’information qui dissiperait par avance toute illusion.
 
Mais quand on va sur le site du parti socialiste on a la surprise de constater… qu’il n’y a pas de programme fiscal. Non seulement il n’y a pas de programme fiscal, mais il n’y a pas de programme du tout. On découvre avec stupéfaction qu’il n’y a que des « thèmes », du type de ceux qui sont proposés aux lycéens en guise de sujets de dissertation, et un « projet » consistant dans une énumération décousue de propositions non étayées. Pas de rubrique sur la fiscalité, donc, mais deux propositions que l’on est content d’avoir réussi à dénicher et qui énoncent ceci : « Pour davantage de justice : fusion de l’impôt sur le revenu et la CSG en un impôt plus progressif et prélevé à la source / Pour revaloriser le travail : le même taux d’impôt pour les revenus du capital et ceux des bonus que pour ceux du travail ». Faute de connaître le barème de progressivité, il est impossible de deviner qui paiera davantage d’impôts : le flou est total. Le mot « justice » peut certes rassurer, car personne ne peut de bonne foi aimer l’injustice, mais c’est là un simple procédé de rhétorique, car il existe plusieurs conceptions de la justice : celle de Platon, celle de Proudhon, celle de Marx, celle de Rawls, celle de Hayek…
 
En fait, les socialistes, qui ont plus d’un tour dans leur sac, utilisent ici un autre procédé de manipulation, le « faux dilemme ». Passons donc au second procédé.
 
En résumé: Ou bien vous voulez la justice et vous devez accepter notre réforme fiscale (les yeux fermés puisqu’on ne sait pas précisément en quoi celle-ci va consister) ou bien vous ne voulez pas de la justice (sous-entendu : vous êtes du côté des tyrans et des exploiteurs). Un vrai dilemme nous place devant une alternative : deux choix et seulement deux s’offrent à nous. On parle de faux dilemme lorsqu’un manipulateur feint (comme ici) de nous placer devant deux options exclusives, en occultant une autre possibilité cachée. En général, il s’agit pour le manipulateur de convaincre les gens qu’ils n’ont le choix qu’entre sa solution et une solution rebutante. Il faut bien l'avouer, les socialistes excellent dans l'utilisation de ce procédé. Ils l’emploient souvent à propos de l’immigration, sous une forme devenue banale tant elle est habituelle : « ou bien vous êtes pour l’immigration ethno-substitutive, ou bien vous êtes un raciste qui doit se sentir honteux d’être ce qu’il est et de penser ce qu’il pense ».
 
 Au terme de ces analyses, on peut admirer la maîtrise des socialistes dans l'art de persuader. On peut même se demander s'ils n'auraient pas profité du temps qu'ils n'ont pas perdu à chercher un  programme, pour peaufiner leurs tours de passe-passe.
 
Le parti socialiste est une machine à produire de la croyance et de l’illusion ; certes, c’est un objet formidable pour l’analyse philosophique et linguistique, c'est une aubaine pour tous ceux qui cherchent des exemples et des contre-exemples pédagogiques sur la duperie, mais on est évidemment très loin de la « politique » qui suppose au minimum des idées clairement définies et des arguments construits dans le respect des règles de la discussion rationnelle voire, tout simplement, dans le respect des électeurs.

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