Julien Salingue est Doctorant en science politique, enseignant à l'Université Paris 8 ainsi qu’à l'Université d'Auvergne. Ses recherches, dit-il sur son blog, « portent sur le mouvement national palestinien et sur les dynamiques politiques, sociales et économiques en Cisjordanie et à Gaza ».
Bardé de ces qualités, évidemment indiscutables ‘’d’expert’’, il en profite pour écrire un article au titre condamnant « La propagande du Crif et de l’ambassade d’Israël contre France 2 » et son émission « Un œil sur la planète » intitulée « Un état palestinien est-il encore possible ?».
Un titre racoleur pour une démonstration qui est loin d’en être une.
Après avoir trouvé et tapé sur quelques contradictions dans les propos de Richard Prasquier tenus au lendemain de la diffusion du magazine, puis avoir cité en long et en large l’émission « ‘’Deux yeux sur leur planète’’ (…) mise en ligne par le site JSSNews et relayée (et donc cautionnée) par l’ambassade d’Israël (et donc l’État d’Israël) le 6 octobre », il en vient à dire LA vérité. La sienne !
Ainsi, dans le paragraphe, mais pas seulement, dénommé « Des ‘’contrevérités’’ factuelles sur France 2 ? », il se consacre doctement à démontrer le bienfondé de son titre.
La première contrevérité de ce passage concerne les responsabilités dans l’échec du plan de partage de 1947. Elles sont, à son avis, bien sûr, partagées !
Si « le plan de partage de 1947 a été formellement « accepté par les Juifs » et « refusé par les Arabes » (…) rappelons ici ce que David Ben Gourion, « père fondateur » d’Israël, déclarait au sujet du partage : « Après la formation d’une grande armée à la suite de l’établissement de l’État, nous abolirons la partition et nous nous étendrons sur l’ensemble de la Palestine ».
Une déclaration, quand bien même existerait-elle, dont on ne voit pas vraiment ce qu’elle peut valoir comme responsabilités dans le déclenchement du conflit, qu’il est incapable de dater ni de situer (hormis par la notation du livre de 1987 du ‘’nouveau’’ historien israélien Simha Flapan) et que même Google ne peut produire à ce jour. Un extrait sorti d’on ne sait d’où et qu’il oppose, sans vergogne, au refus, bien circonstancié celui-là, d’un état juif par le monde arabe totalement responsable de la guerre de 1948 (mais aussi de toutes ses suivantes) et de ses causes et effets.
Il poursuit.
Conflit qui voit « Au terme de la première guerre israélo-arabe (1948-49), Israël s’étendre ainsi sur 78 % de la Palestine mandataire, alors que les Nations Unies lui en avaient accordé 55 % ».
Si la Palestine mandataire comprenait aussi les 80% du territoire attribués à la (Trans) Jordanie par ces mêmes Nations Unies (pays qu’il a tout simplement oublié dans son décompte), ces superficies sont là, d’une part, pour démontrer toute la véracité de ‘’l’annonce’’ de David Ben Gourion, et d’autre part cautionner « Les propos mesurés d’Étienne Leenhardt (qui) ne peuvent donc décemment pas être qualifiés de ‘’contre-vérités’’ » (sic).
Faire parler les morts est la marque des propagandistes.
Toujours dans ce même paragraphe, la seconde contrevérité relevée dans l’émission qu’il ‘’analyse’’ concerne le reportage sur les ‘’réfugiés’’ et la mention, par les journalistes de France 2, du « droit au retour ». Un ‘’droit’’ inscrit, selon sa propre lecture, dans la résolution 194 de l’Assemblée générale onusienne qui reste, néanmoins, non contraignante car non votée par le Conseil de Sécurité, et ne mentionnant nullement les ‘’Palestiniens’’ mais uniquement des « réfugiés ». Des réfugiés qui doivent être âgés à l’heure présente au minimum de soixante quatre ans et être actuellement peu nombreux.
Sauf que pour Julien Salingue, se saisissant fort de sa casquette de propagandiste, le statut de ‘’réfugiés’’ se transmet de génération en génération car « l’agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) considère les descendants des réfugiés comme des réfugiés, au même titre que leurs parents et/ou grands-parents » ! Ce qui doit, selon lui, suffire à faire loi et à authentifier sans conteste un « droit de retour » au sein d’Israël.
‘’Vérité’’ est dite et France 2 ‘’disculpé’’ ! N’était-ce pas l’objectif recherché ? Tant pis si l’explication n’a aucune teneur scientifique ni ne soulève aucune interrogation quant à l’exigence arabe de ce ‘’droit’’ qui envenime le conflit !
La troisième contrevérité examine l’affirmation d’Étienne Leenhardt, certifiant que les tirs de roquettes palestiniens « sont la conséquence des raids israéliens et du blocus imposé par Israël sur la bande de Gaza ».
Pour voler au secours de la chaîne incriminée, Julien Salingues rappelle que « Le site du ministère des Affaires étrangères de l’État d’Israël nous apprend en effet que le premier tir de roquette depuis Gaza vers Israël date du… 10 février 2002. Or, selon les chiffres de l’Onu, c’est précisément en février 2002 que le nombre de Palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le début de la « deuxième Intifada » a franchi le cap des 1 000, dont une majorité à Gaza ».
Ce qui est escamoté dans la même phrase est le nombre d’attentats commis par les ‘’Palestiniens’’ depuis octobre 2000, principalement par ceux de la bande de Gaza, alors sous la seule administration de l’Autorité palestinienne, contre des centaines de civils israéliens. Des attentats ayant contraint l’état juif à des représailles largement justifiées par la légitime défense et qui n’autorise nullement la sentence du journaliste de France 2 citée plus haut. Les roquettes « artisanales », ainsi toujours dénommées par la chaîne française, n’ont été qu’un moyen supplémentaire d’attenter à la vie des Israéliens et non pas une riposte marquant le millième ‘’palestinien’’ tué. Sauf à considérer que le juif n’a nul droit à une légitime défense. Ce qui semble être le cas pour Julien Salingue qui soustrait du débat le terrorisme ‘’palestinien’’.
Au final, trois contrevérités assénées par la chaine publique que Julien Salingue tente maladroitement, par des astuces et des artifices, de cautionner tout en sachant qu’il avalise le fondement même de la propagande arabe.
A savoir :
– Israël responsable du déclenchement du conflit de 1948
– devant accepter en son sein le « droit au retour » d’étrangers héritiers, ad vitam aeternam, d’un titre de ‘’réfugiés’’
– et coupable de s’en prendre à un peuple victime de sa politique de « colonisation » mais non pas désireux d’éradiquer son voisin.
‘’Analyse’’ qui discrédite totalement son accusation à l’encontre du Crif et de l’Ambassade israélienne. ‘’L’expert’’, prof à l’université, n’étant au final qu’un vulgaire propagandiste se mettant au service d’une chaîne publique qui, de surcroît :
– n’a toujours pas autorisé une commission d’enquête sur l’Affaire A-Dura malgré la charge menée contre le ‘’scoop’’ de son envoyé permanent à Jérusalem
– n’a toujours pas annoncé à ses téléspectateurs qu’elle a perdu son procès en appel contre Philippe Karsenty
– qui a vu l’un de ses journalistes, Thierry Thuillier, promu directeur de l’information de France Télévisions suite à son ‘’scoop’’ assurant « l’assassinat de trois enfants palestiniens » tapant sur un grillage par la soldatesque israélienne sans en apporter la moindre preuve.
– ou qui, encore et sans exhaustivité, a eu beaucoup de mal à considérer l’otage du Hamas, Guilad Shalit, comme concitoyen français.
En fait, une chaîne très loin de son devoir de déontologie mais qui n’empêche nullement Julien Salingues d’user et d’abuser de stratagèmes avachis pour accuser, de son propre péché, des individus et des organismes étatiques ou non.
Une accusation en revanche très appréciée par Charles Enderlin qui l’a aussitôt publié dans son blog. On n’attendait pas d’autres réactions de sa part !