2 juin 2023

Mali (et prise d’otages) : Pourquoi Obama se tait (et l’Europe aussi)?

Pourtant…la doctrine était de traquer Al Qaïda (only) qui est bien présent dans cette contrée semble-t-il, et qui même défie tout le monde en ouvrant un second front avec cette vaste prise d'otages (41 occidentaux dont plusieurs Américains) sur un champ gazier "algérien". Obama va sans doute réagir mais pour le moment, et alors que la situation dans le nord du Mali empire depuis plusieurs mois, il a préféré attaquer les détenteurs d'armes lourdes aux…USA ;  pensant sans doute résoudre ainsi la question de la violence des loups solitaires envieux d'une foule urbaine embobinée sur réseaux, ce qui est bien mince, et surtout trompeur tant en fait Obama risque de manquer sa cible comme il se trompe de thématique en croyant qu'il suffit d'attaquer le symptôme (Al Keida, la détention d'armes) alors que le mal sous ces deux aspects a semble-t-il des racines certes disséminées mais que l'on peut-être atteindre à partir des deux hypothèses suivantes : s'agissant des loups urbains solitaires, avançons seulement (car le second sujet préoccupe plus ces temps-ci) qu'un film comme "Scream"avait déjà dévoilé leur fil conducteur : la techno-urbanité crée ses propres souches criminelles qui agissent plutôt par pulsions saccadées par lesquelles la personnalité du tueur se désarticule et devient ainsi schizophrène ou bipolaire alors que dans d'autres circonstances le chatoiement du groupe, la promiscuité, contrebalançaient ces bouffées paniques d'un "existant seul dans son existé" comme le disait Lévinas ; autrement dit, outre évidemment l'idée de la rupture individuelle dans un moi boursouflé, ce qui marque dans ces tueries de masse c'est cet effet miroir qui voit le tueur effacer ce qu'il était (des enfants) ce qui le questionne (les jeunes du Labour norvégien massacrés par ce faux croisé des temps modernes).

S'agissant maintenant d'Al Qaïda, il s'agit aussi de l' Afrique du Nord, or, ce groupe, ou plutôt ses franchises, se nourrissent surtout des manques du gouvernement militaire algérien qui a tout fait pour islamiser ce pays depuis le coup d'État de Boumedienne (1965) tout en refusant au FIS qui incarnait ce processus en 1990 de prendre le pouvoir à la façon dont les Frères Musulmans l'ont pris aujourd'hui en Tunisie puis en Égypte ; observons d'ailleurs que ces deux pays ne connaissent pas pour le moment de groupes de ce type, même si les salafistes attendent leur heure et qu'il y aura nécessairement un affrontement avec eux (certains djihadistes sur zone viendraient d'Égypte) ; sauf que cet affrontement se fait déjà sur d'autres bases bien plus légitimes (les valeurs démocratiques et leurs droits afférents) que le fait de défendre des pouvoirs véreux : comment rendre en effet sympathique des généraux algériens aux innombrables comptes d'argent volé alors que le peuple croupit dans la misère avec la bénédiction des gouvernements français successifs.

Pourquoi le gouvernement français reste-t-il si seul  ? Certes, l'attaque contre le complexe gazier va sans doute changer la donne. Mais il semble bien que certains dont Obama avaient décidé en fait d'élargir ce qu'ils acceptent déjà en Arabie Saoudite et ailleurs: une vision stricte de la charia qui passe de plus en plus comme une manière d'être au monde ; le fait qu'une femme vient d'être décapitée en Arabie parce qu'elle aurait tué un enfant, n'est en rien différent des amputations de mains voleuses dans le Nord du Mali. Aussi est-il étrange de voir Laurent Fabius parler de barbarie ici et non là-bas en Arabie. Obama en tout cas avait décidé de pousser le relativisme jusqu'au bout, comme en Afghanistan d'ailleurs, tout en se gardant le droit de jouer au shérif en envoyant quelques drones rafraîchir les idées de ceux qui voudraient étendre la charia dans des termes non négociés au préalable dans la novlangue des relations internationales "apaisées". Peut-être que les islamistes avec leur dernier coup de force ont cru qu'ils pouvaient se servir de ce retour à la doctrine wilsonienne pour frapper un grand coup : leur arrivée sur Bamako après tout pouvait être l'un des aspects de cette avancée globale d'un islamisme que certains "experts" français nous disaient exsangue ; est-ce alors un va tout, ou l'amorce d'un nouveau départ ? En tout cas il ne manque de rien : et il n'est pas sûr qu'il manquera d'hommes qui au contraire affluent, aidés en cela par quelques prêches bien sentis dans certaines mosquées françaises…

En définitive, le fait de masquer l'origine islamique de leur "terrorisme" est une épine dans le pied du monde libre plutôt qu'un moyen tactique de ne pas en rajouter : cette stratégie a échoué puisque la grande modération envers l'islam n'a fait que renforcer justement ceux qui veulent combattre en son nom… Il faut au contraire ouvrir le front symbolique en portant le fer au coeur de cette doctrine qui pose comme fondement de sa "paix" la "soumission" à des principes en totale opposition avec les valeurs communes aujourd'hui et d'autant transversales à toutes les cultures qu'elles les enrichissent.

Plus encore, en agissant de la sorte sur le terrain symbolique on ne méprise pas l'ennemi, au contraire, ce dernier est forcé de se justifier, et ceux qui se prétendent plus musulman que lui sont également forcés de lui répondre, ce qui permet un débat, et de celui-ci peut naître des transformations encore inédites. En tout cas l'on ne perd rien à bien nommer les malheurs du monde.

Lucien SA Oulahbib

https://en.wikipedia.org/wiki/Lucien-Samir_Oulahbib

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3 réflexions sur « Mali (et prise d’otages) : Pourquoi Obama se tait (et l’Europe aussi)? »

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