2 avril 2023

RELIGION, INTEGRATION et DISCRIMINATION

Protégés par cette Laïcité , par notre loi de 1905 qui demande à la religion de se maintenir dans la sphère privée , nous avons éludé ces débats qui sont non seulement religieux mais également culturels . Nous avons été aveuglés par cette certitude que la Loi de 1905 , la sécularisation de la religion , nous permettrait de maîtriser son influence sur notre vie civile , sur nos lois, sur notre quotidien .

Le débat qui a animé la France entière et une partie de l’Europe sur la loi d’interdiction des signes religieux à l’école aurait pu ouvrir la porte à un débat plus profond sur les différences culturelles trouvant leur source dans les croyances religieuses , cela n’a pas été le cas.

Forts de la manière dont nous avions réagi face à l’influence du catholicisme vis à vis de nouvelles lois comme l’avortement ou l’homosexualité , assez bien acceptées , nous avons éludé le débat de fond .

Durant les trente dernières années , la population française de confession musulmane a considérablement augmenté . Nous ne connaissons pas le chiffre exact puisque les statistiques sont interdites , mais nous savons qu’elle a crû de manière exponentielle .
Je profite de cette réflexion pour répéter inlassablement que j’ai du mal à imaginer comment un Etat qui veut éventuellement faire une refonte de la Loi de 1905 , faire des cantines scolaires ouvertes à tous, qui pense à contrôler la formation des Imams , peut prétendre le faire sans connaissance du nombre d’individus concernés . Cela ressemble à un Directeur de Cantine scolaire qui ferait ses achats sans idée du nombre d’enfants qui déjeuneront . C’est une faute de gestion gravissime , mais notre Etat nous a habitué à ne surtout pas se soucier des problèmes d’intendance , insouciance de mauvais gestionnaire qui obère désormais l’avenir de nos enfants .

Depuis dix ans , nous commençons à nous trouver confrontés à ce constat effroyable , la France n’a pas su intégrer ses populations issues de l’immigration , de confession musulmane dans leur grande majorité .. Encore une fois les statistiques sont interdites , mais nous connaissons les pays d’origine de cette immigration , chaque ambassade de pays étranger se réclame d’un certain nombre de ressortissants qui sont résidents français ou de double nationalité , ce qui nous permet d’avoir quand même une vague idée du paysage culturel et religieux de cette immigration .

Face à ce manque total d’intégration qui est allé jusqu’à provoquer de véritables émeutes civiles en Novembre 2005 , toutes les explications fusent : la ghettoïsation , la discrimination, le faible niveau d’éducation , le chômage , etc…. Quelques sociologues comme Dounia Bouznar commencent doucement à parler de la religion , du refuge que trouves ces jeunes des banlieues dans un Islam qui les fait exister alors qu’ils ont l’impression de n’être rien dans nos sociétés .. Les Renseignements généraux constatent avec frayeur une montée du prosélytisme islamiste radical dans ces mêmes banlieues , mais nous nous refusons toujours à aborder le débat , sous prétexte que la religion fait partie de la sphère privée et que le fait religieux ne peut avoir d’incidence sur l’ordre public et sur l’intégration.

Les ténors des instances religieuses musulmanes françaises, en particulier celles du Collège Français du Culte Musulman , confortent d’ailleurs nos politiques paresseux dans leurs certitudes : « l’islam ne peut être une religion de violence , c’est une religion de paix, d’amour et de tolérance » … « Ceux qui agissent mal , les terroristes , ne sont pas de vrais musulmans » . Eux aussi , à leur manière éludent volontairement le sujet .

Et si le fond du débat de la non-intégration à la française se trouvait également dans le fait religieux ??? Nous avons toujours refusé d’étudier cette hypothèse du fait de notre laïcité .. Avons-nous eu raison ? .. Je pense aujourd’hui que nous avons eu tort pour un certain nombre de raisons très simples .

Une laïcité bien conduite ne peut se gérer que si le sens civique , la connaissance des lois civiles du pays , leur suprématie sur le fait religieux , sont connus de tous . Nous n’avons pas éduqué les enfants de la dernière génération dans cet esprit . L’immigration française ne connaît pas les Lois Françaises et les enfants des écoles les connaissent encore moins .

Les immigrants Européens , venant de pays à traditions judéo-chrétiennes n’ont pas eu ce problème, car la sécularisation de la religion, la séparation des pouvoirs temporels des pouvoirs spirituels, facilitée dans le Christianisme par les textes mêmes des Evangiles : « Rendez à César ce qui appartient à César » et la suprématie de la Loi civile sur la loi religieuse sont depuis bien longtemps rentrées dans les mœurs . Pour leur part les Juifs respectent les lois nationales des pays dans lesquels ils vivent , même si religieusement , ils les désapprouvent , ils s’adaptent .

Nous en revenons donc toujours à l’islam . La séparation des pouvoirs est une notion totalement étrangère aux musulmans . La Loi étant la Loi de Dieu , nul ne peut l’interpréter , nul ne peut la transgresser . La Loi de Dieu est supérieure à la loi civile . Le Musulman en pays de loi non coranique a pour mission de faire évoluer la loi du pays en question . Si il n’y arrive pas , il doit retourner en terre musulmane, les théologiens de l’islam (Al Bouti) refusent catégoriquement de faire une jurisprudence des minorités destinée à régler les problèmes des musulmans occidentaux .

Les Français musulmans se trouvent donc confrontés à une contradiction bien difficile à gérer.
Ils se doivent de suivre les lois civiles françaises , mais d’une part il les connaissent à peine et d’autre part ils sont imprégnés la Loi coranique qui gère le quotidien de la Oumma (communauté des croyants) . Ils suivent à leur manière , et enseignent à leurs enfants les Lois religieuses qu’ils connaissent , sans savoir que certaines d’entre elles sont en totale contradiction avec les lois civiles de notre pays .

Plusieurs exemples très simples peuvent illustrer ce constat :

La plupart des musulmans et en particulier des femmes musulmanes ne connaissent pas bien le concept de liberté de conscience . Pour eux l’islam accorde la liberté de conscience puisque la sourate du Coran dit « Nulle contrainte en religion » . Ils oublient ou ils éludent volontairement le fait que l’apostat est considéré comme un traître à la communauté des croyants et que cette sourate ne s’applique qu’au musulman qui a une relation directe avec Dieu , donc elle ne s’applique qu’au sein même de l’islam .
Ils savent qu’une condamnation à mort serait illégitime du point de vue des lois françaises , mais il transgressent cette interdiction par une tyrannie de l’apostat , un harcèlement mental et physique incessant , une exclusion totale de la famille et du groupe . Cette constatation est encore plus vraie pour les jeunes filles puisque nous parlons de plusieurs dizaines de milliers de mariages forcés en France , et qu’il manque 10 000 places de foyer en Ile de France pour les jeunes filles en rupture de bans avec leur famille .. Ces jeunes filles ont transgressé l’interdit de l’islam , elles ont fréquenté des étrangers non musulmans sans l’accord de leur famille en violation des préceptes du Coran .

Si elles connaissaient mieux les lois françaises , elles sauraient que cette interdiction est illégale . Si les médias avaient osé parler des Sohane , Fatima , lapidées , brûlées , en expliquant la notion de crime d’honneur et son incompatibilité avec les lois françaises , elles auraient fait œuvre de civisme et de responsabilité . Mais il ne fallait pas stigmatiser l’islam , ces crimes ne pouvaient venir que de déséquilibrés ou d’amants éconduits !!!!! Le vrai motif qui est le motif religieux a encore une fois, été soigneusement occulté .

Lorsque des collégiennes allemandes se sont fait accueillir à coup de pierres dans un collège de Seine Saint Denis lors d’un échange scolaire , parce que leur tenue n’était pas conforme à l’uniforme qui se doit de régner dans ce département, personne n’a expliqué à ces jeunes qu’en France les lois civiles permettent aux filles de s’habiller comme bon leur semble dans la limite de ce qui s’appelle l’outrage à la pudeur . Personne n’a expliqué à ces garçons , à la limite de l’adolescence pour certains , que la seule Loi applicable était la Loi Française et que la pudeur au sens coranique du terme n’était pas applicable , y compris en Seine Saint Denis. Personne ne s’est donné le mal de leur dire que la Seine Saint Denis ne pouvait devenir un territoire perdu de la république française , dans lequel la pudeur coranique passait avant nos lois nationales .

La pudeur au sens coranique du terme a d’ailleurs déjà provoqué bien des crimes et des faits divers . Combien de tournantes , de viols en réunion , ont eu lieu parce que la tenue de la fille était considérée comme provocatrice … Quels sont les médias courageux , les enseignants , les éducateurs , qui ont osé aborder ce problème ? Aucun .. et les tournantes continuent pour peu qu’un fille soit habillée en jupe au dessus du genou .

Notre quotidien est désormais émaillé de ces manifestations religieuses ou l’islam cherche par tous les moyens à imposer la suprématie de sa loi . Les caricatures , les réactions au discours de Ratisbonne, la déprogrammation récente de l’Idoménée de Mozart à l’opéra de Berlin , n’en sont que des exemples parmi tant d’autres . Mais combien de musulmans français connaissent la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ? Combien savent que la liberté d’expression est un droit constitutionnel dans notre pays ? Combien d’entre eux savent que la critique et le doute sont autorisés . Qui les en a informés ? Qui les a incité à en débattre, leur permettant de poser des questions et de les comparer à leur propre modèle religieux et culturel .

Comment penser à intégrer des populations qui n’ont pas les mêmes Lois .. ou plus exactement qui refusent de suivre les lois civiles car elles sont contraires aux lois religieuses .

Le Pape Benoît XVI a demandé l’ouverture du dialogue . Pour l’instant aucun théologien de l’islam n’a accepté ce dialogue ; les musulmans n’ont pas envie que l’on dialogue sur leur religion . Ils veulent imposer leurs préceptes , mais pas en discuter . Comment dans ce cas parler d’intégration ? Comment imaginer des populations vivant dans un même temps , dans un même lieu, qui suivent des lois différentes . Comment leur appliquer la justice et l’égalité de tous les citoyens devant la Loi ? L’égalité de l’homme et de la femme entre autre ?
Comment imaginer le concept de démocratie et d’évolution des lois , si les débats de fond sont refusés ou interdits . Il y a là une incohérence majeure dans la soi-disant volonté des communautés musulmanes de s’intégrer et les efforts qu’elles font dans ce sens . Comment vouloir s’intégrer en refusant de discuter des fondements philosophiques et religieux sur lesquels se sont bâties nos démocraties ? C’est un non-sens . En continuant d’éluder ces débats , les musulmans occidentaux prennent le risque de se faire dire qu’ils ne veulent décidément que « le beurre , l’argent du beurre et la crémière en sus » s’ils refusent de comprendre comment se sont construites ces nations dans lesquelles ils sont venus chercher libertés et prospérité .

Enfin il est un dernier point qu’il faut aborder . L’une des soi-disant cause de la non intégration proviendrait de la discrimination que les Français exercent vis à vis des jeunes d’origine Maghrébine . Un observatoire a même été fondé sur le sujet : « La Halde ». Bien entendu les observations de la Halde ne vont que dans le sens discriminations effectuées vis à vis de l’immigration . Elles ne comptabilisent jamais les discriminations des communautés musulmanes vis à vis de l’étranger !!!!

Les Français sont passibles des tribunaux s’ils profèrent une insulte à connotation religieuse ou raciale , mais combien de musulmans ont été jugés pour avoir traités leur voisin de « Sale Gaulois ou de sale catholique » .

Les gamins qui ont caillassé les écolières allemandes sont-ils passés en Jugement ?
Les pères qui forcent leur fille à épouser un cousin au bled pour ne pas la voir fréquenter un dhimmi ont-ils été jugés ? Non .
Une religion qui considère que le dhimmi est l’étranger , qu’il est inférieur au croyant , qui lui impose une taxe spéciale , n’est-elle pas en elle-même une religion d’exclusion ?

Alors comment demander à des Individus que l’on veut voir se mélanger , s’intégrer , que l’on veut voir vivre et travailler ensemble , que l’on veut voir saluer le drapeau , chanter l’hymne national , défendre le pays , comment peut-on demander à ces mêmes individus de faire tout cela et d’accepter la quasi-totalité des exigences du voisin , alors que ce même voisin l’exclut totalement de son champ spirituel , intellectuel et familial et refuse de discuter de l’avenir .

L’ouverture aux débats culturels et religieux , la réciprocité , la reconnaissance de la suprématie des lois civiles de notre pays sont les éléments fondateurs d’une intégration réussie. Tant que nous éluderons ces débats , il n’y aura pas d’intégration possible .
En s’excluant de ces débats qu’ils refusent de pratiquer , les musulmans occidentaux provoquent la discrimination dont ils se plaignent d’être les victimes .

30 septembre 2006


Une réflexion sur « RELIGION, INTEGRATION et DISCRIMINATION »

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