Racisme veut dire supériorité ; refus de se mélanger c'est autre chose, il relève d'un choix que l'on ne peut pas cataloguer tel ; autant dans ce cas exiger que tout le monde s'aime et que le moindre refus de coucher avec l'autre soit poursuivi devant les tribunaux… On ne peut même pas traiter un tel choix, celui de la différence durable en quelque sorte, de xénophobie, puisque le problème ne consiste pas à apprécier ou non l'autre, mais à refuser de devenir autrement à son contact, ce qui, certes, se discute et peut même évoluer avec le temps, sauf que le caractériser de racisme c'est aller bien vite en besogne, en particulier pour masquer certains problèmes de non intégration qui, laissés à vau-l'eau, ont en effet créé un pourrissement des termes du débat comme on le voit aujourd'hui dans la partie flamande de la Belgique…
Quant au multiculturalisme, cela n'a décidément rien à voir puisque dans ce terme, la possibilité même de mixage n'existe pas, il s'agit plutôt d'une coexistence, d'une multiplicité de cultures censées cohabiter et non pas d'une pluralité qui s'échange certains aspects et, par là, est censée s'enrichir, telles les sociétés ouvertes à l'opposé des sociétés closes…
Seulement, en France, en Belgique, en Hollande, ailleurs, le débat est biaisé. Alors qu'il est très clair en Arabie Saoudite, voire en Algérie. En Europe le débat est biaisé parce que la confusion des termes fait que le moindre faux pas est évidemment brandi comme preuve de racisme ou à l'opposé abandon de l'identité ancestrale. Par contre en Arabie saoudite en Iran le débat est très clair, non seulement le multiculturalisme y est bien entendu impossible mais le pluri y est évidemment combattu et très vivement sans que les belles âmes dénoncent chez eux racisme ou xénophobie. En Algérie le premier terme est lui aussi impensable, l'Islam y est par exemple religion d'Etat, tout comme en Egypte et à vrai dire la plupart des pays dits musulmans ; par exemple, le fait de manger à midi durant le Ramadan, et ce dans un endroit pourtant isolé, s'accompagne mécaniquement quand les Autorités le savent d'un séjour en prison et un passage à tabac, ne parlons pas du reste en Arabie en Iran (et dans certains endroits en…France), comme le fait d'aller tête nue pour une femme, en mini-jupe… ; même la Tunisie qui se complait à laisser ses plages agréablement dénudées partage, de façon de moins en moins implicite cette façon de penser, surtout depuis la récente interdiction de ce numéro du Figaro qui précisément portait en lui la tribune de Robert Redeker…
Pourquoi ce qui ne se discute pas là-bas déclenche autant de passions en Europe et surtout dans les pays plutôt pluriculturels comme la France que multiculturels comme le Royaume Uni (John Straw excepté) ? Parce que le débat en son sein est piégé donc biaisé puisque c'est bien au nom des valeurs de tolérance et de liberté que certains prétendent vivre ici comme s'ils étaient là-bas alors que là-bas ils refuseraient que ceux d'ici puissent vivre eux aussi comme ils l'entendent… d'où le dilemme…
D'où aussi l'hypocrisie insinuant que ceux de là-bas qui sont maintenant ici et qui ont également une carte dite " d'identité" ont aussi la possibilité de continuer à vivre ici comme là-bas, ce qui est certain ; mais ceci devient un peu fallacieux lorsqu'il est ajouté (par les mêmes belles âmes…) qu'en effet étant dorénavant muni du sésame, la carte "d'identité", il s'agit non seulement de les accepter tel que, mais de faire en sorte qu'ils se sentent comme là-bas… Sauf que c'est bien là où le bât blesse. Car, d'une part, rien ne les empêche à renoncer et à retourner là-bas afin de vivre pleinement leur culture, du moins ceux qui ne désirent en aucun cas la voir s'amoindrir ou s'enrichir… ; d'autre part, rien n'oblige les autochtones à accepter de voir modifier par contre leur mode de vie, surtout lorsque cette altération n'a rien d'une altérité en ce qu'elle va plutôt à l'encontre de ce qu'ils ont désormais de plus sacré comme le droit des femmes, la liberté de penser, le fait de s'habiller en respectant certaines coutumes, surtout celles issues des années 60 qui instituent un jeu ludique onirique une demande de complicité esthétique, bref, ce qui fait et défait ce que l'on nomme, dans nos contrées, "la mode", or, au nom de quoi devrait-on accepter ceux qui non seulement refusent ce jeu social là mais veulent en imposer un autre, par exemple dans certains endroits où toute femme d'origine nord africaine est pourchassée parce qu'elle ne s'habille pas comme là-bas…
A vrai dire, toute cette distinction est éludée parce que à un progressisme mécanique qui laisse accroire que l'on devrait tous tendre vers une identité interchangeable, numérisée, téléguidée, changeant de vie comme l'on change d'humeur ou de chemise, se conjugue un relativisme obligatoire en ce qu'il exigerait, paradoxalement, d'être la seule vision possible, celle de laisser se répandre des modes de vie contradictoires, tout en faisant croire qu'ils ne le sont pas, et même l'exigeant. Et lorsque des conflits éclatent la cause reste cependant contenue dans les dimensions connues, celle du dysfonctionnement, celui du manque, ou du besoin, toute la panoplie de l'avatar sociologique, niant ainsi qu'une volonté pleine et entière puisse, elle, être cause première, par exemple en exigeant de vivre selon un livre et non pas selon la Constitution.
Pendant ce temps, les profonds problèmes que posent l'ère techno-urbaine, par exemple le fait que l'imaginaire et le désir soient de plus en plus pris en charge industriellement, et à distance, ces faits, dans leurs effets pervers, restent proprement impensés ou alors réduit à leur pire aspect, celui de la marque, de l'apparaître, de la manipulation séductrice, seuls vecteurs existentiels ; c'est du moins ce que l'on a pu observer chez certains émeutiers automne 2005 (comme l'on dit collection printemps-été 2007…) donnant alors l'impression de n'avoir rien appris à l'école quant au décryptage d'une image et les moyens de s'en protéger alors qu'ils ont bien su comment retenir l'attention des médias et par là surenchérir dans la mise en abîme du spectaculaire. Mais est-ce qu' une telle analyse leur serait, tant que cela, si hors de portée ? En tout cas le fait qu'ils n'aient pas été ou peu instruits en la matière, (la manière dont certains "jeunes" parlent à leurs professeurs femmes en dit long sur les méandres de l'image sous X…) les pousse à se constituer une morale en kit ou à la carte qu'ils chercheront à valider du côté des discours qu'ils leur paraîtront les plus audibles et surtout les plus forts. On ne peut pas dire que sur ce point le discours républicain, laïc, soit en pleine forme…
De là à ce qu'une telle analyse soit taxée d'extrême droite, ce behaviorisme nouveau s'avère servir désormais de réflexe pour tous ceux qui en entendant le mot critique sortent dorénavant leur plainte juridique comme d'autres sortaient leur revolver ou se contentent, encore, par tradition, d'armes plus tranchantes dirait, peut-être, Robert Redeker.
7 octobre 2006
Une réflexion sur « Est-on d’extrême droite parce que l’on n’est pas multiculturaliste ? »