Pour atteindre le niveau symbolique détenu par Hiroshima, il faut faire pire, créer une déchirure spirituelle telle, dégager des forces terribles, celles dont parlait Henri Heine lorsque dans son livre sur l'Allemagne il analysait les forces telluriques déterrées par le second romantisme allemand et son refus, viscéral, de la modernité, forces qui donnèrent le nazisme, tandis que d'autres énergies monstrueuses, en Russie, vomissaient leur haine de l'Europe, se réfugiaient sous les jupes d'un nouvel Ivan le Terrible…
Les islamistes et leurs alliés alter préparent ce genre de surgissement, de tremblement de terre… Sommes-nous dans ce cas, nous les démocrates férus de liberté et de conscience critique, dans la position d'Atlantide ? Sommes-nous dans un bref moment (à peine 500 ans, un millénaire en comptant l'affirmation des villes au XIème siècle européen), une lueur, une larme sur les centaines de milliers d'années d'humanisation de la puissance d'être (plutôt que d'exister seulement comme une pierre ou une plante) ?
J'ai parlé un jour de la résistance des Grecs devant les Perses de Cyrus. Je vois maintenant se profiler une île fragile, précieuse, un joyau si l'on regarde bien, si l'on sait voir, humer, goûter au détour des ruelles le long des fleuves et des animations, au coeur des espoirs qui irriguent la pulsation que d'aucuns cherchent désormais à étouffer.
27 octobre 2005