“Pas de liberté pour les partisans de la liberté!” Voilà en quelque sorte l’adage, inversé, de Saint-Just qui a été adopté depuis le début par les fanatiques léninistes et trotskistes tout en se disant de “gauche”, leur progéniture actuelle reprend le même chemin.
C’était d’ailleurs là le point de discorde avec Rosa Luxembourg qui considérait, elle, la liberté de pensée et d’expression comme un nouveau droit fondamental, un acquis civilisationnel, dans le droit de fil de Marx qui voyait la phase bourgeoise comme un “progrès” y compris dans ce domaine, là ; mais à accumuler “dialectiquement” pour la phase suivante ; aussi son adhésion, tardive, (suite à l’écrasement de la Commune) à la notion de “dictature du prolétariat” doit être lue à la manière d’Engels reprise par Gramsci : lutte pour l’hégémonie du “bloc historique” sans avoir besoin de liquider physiquement la classe déchue précisait Engels dans son “Anti-Dühring” (la SFIO de Blum avait par exemple toujours la notion de dictature du prolétariat dans son programme…) ; Lénine et Trotski (Bakounine aussi) brisent cette tradition et la précision d’Engels avec ; Staline et Mao suivent, de même que Guevara et Castro.
Il est normal alors que depuis le “retour à Lénine” professé par Althusser et Derrida, et indirectement par Foucault (soutien à Bataille faisant l’éloge de Staline dans La part maudite et à Blanchot chantre de la “Révolution d’Octobre” dans L’amitié) de même que par Deleuze (soutien aux “autonomes” italiens ancêtres des BR et des Antifa actuels) leurs “enfants” spirituels actuels poursuivent leur philosophie cannibale (titre d’un de mes livres récemment réédité) au sens de dévorer les principes mêmes qui leur ont permis de surgir sans pourtant être écrasés dans l’œuf ; les djihadistes ont adopté la même tactique : j’exige la liberté de faire ce que je veux au nom de tes principes et je te la refuse au nom des miens.
Ce “retour à Lénine” donna ensuite le “déconstructionnisme” d’aujourd’hui (la “mort de l’Homme” etc) afin de rompre par “l’anti-humanisme” avec l’eurocommunisme et son idée de “compromis historique” c’est-à-dire l’alliance avec les chrétiens de gauche, les socialistes, les radicaux (rompant avec le stalinisme dans ce cas) prônés entre autres par Garaudy et qui au fond donna ensuite la victoire à Mitterrand avec ledit “Programme Commun”;(j’explique tout cela ici, mais c’est en anglais, la version française est déjà parue dans un livre relatant le centenaire de la Révolution russe).
Toute cette “destruction” pour aboutir à la situation d’aujourd’hui qui en réalité dévoile seulement, déborde, plus exactement, des facultés vers les médias; au sens où depuis les années 70 la dictature néo-léniniste sévissait de plus en plus (le “terrorisme intellectuel” dénoncé par Jean-François Revel et Jean Sévilla) ; à l’exception d’Assas tenu par le GUD et l’UNI ; mais il y avait encore des îlots de résistance chez les enseignants (surtout en Droit, en Sciences économiques pas si “libéral” que cela hormis Dauphine) noyé dans un “marais” estudiantin post 68 qui faisait le gros dos (acceptait les polémiques) tout en abreuvant les sillons gauchistes à chaque mobilisation estudiantine, croyant qu’ils œuvraient ainsi pour leur “bien” alors qu’ils n’ont fait qu’abandonner l’Université à l’actuelle dictature déconstructionniste (elle-même alliée aux djihadistes de salon); il suffit de voir où en est SciencePo ou les ENS pour comprendre la chose.
Maintenant que les îlots ont été liquidés, la poussée dictatoriale néo-léniniste (ayant absorbé les amendements post-anarchistes genre “Nuit debout”) et s’étant également emparée des médias dits “publics”, veut aussi la peau des médias encore “privés”, le tout avec le soutien de l’État (profond ou pas) tant les idées prônant la mort de l’Homme (une “invention récente”) la mort de la prise de conscience et de son libre-arbitre (au profit d’un “inconscient social normatif”) la mort de “l’hétéro-normativité” (au nom du multi-genre, du “dégenré”, du déjanté aussi bien) la mort de l’illusion méritocratique allant au-delà des “races”, toutes ces morts (destruktion) font les affaires de la technostructure globalisée avide de saisir les “sans dents” en autant de paquets d’ondes malléables et corvéables à téléguider ici, à consommer là, à porter un masque là-bas, à hurler contre Zemmour-Bronstein devant les télécrans-sans-débat.
Que des “sociologues” (dont la “thèse” soutenue en “doctorat” et en “HDR” est sans doute bien en dessous du niveau d’un mémoire de licence d’avant-guerre) refusent de “débattre” rien d’étonnant donc à cela; en tant que prothèses de la Milice Antifa qui sévit aujourd’hui ils se proposent “simplement de faire le “sale boulot” d’éliminer les “réacs” sans se douter qu’ils devraient dans ce cas se suicider puisqu’ils appellent, eux, à la régression, celle de l’interdiction de penser et de l’exprimer (il paraîtrait “qu’interdire d’interdire serait devenu “réac” selon Courrier International…). Mais comme ils sont déjà “morts”, robotisés (genre Terminator 3 : ils se recomposent ailleurs, même liquéfiés).
Vous voulez sauver la planète ? Commencez par vous tuer, on verra après… Vous ne voulez plus débattre ?… Commencez déjà par vous taire. Et puis évacuez les médias et les facs, c’est du domaine public, vous n’avez rien à y faire, allez plantez vos choux ailleurs. Mais qui pourrait non seulement tenir un tel Discours salvateur mais le réaliser ? Voilà le hic.
Une solution mitoyenne serait de rétablir la liberté, publique, d’enseigner, au sens de permettre que l’impôt et les taxes diverses qui financent l’enseignement public ne soient plus donnés mécaniquement aux mêmes structures qui, on le voit, ont sombré, mais à celles (y compris donc des nouvelles) qui seraient en mesure de garantir un réel pluralisme d’enseignement et de pédagogie, c’est un but certes modeste (à l’instar des Charter Schools défendues par Thomas Sowell) mais peut-être pas si irréaliste à terme.