5 juin 2023
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Le Coran est-il une Bible musulmane ?

L’Ancien testament est une compilation de mythes, de poèmes et de textes juridiques établie au VIIème siècle avant J.C. Le Nouveau Testament rassemble les textes de quatre apôtres et un ensemble de lettres appelées épîtres. La bible est composée de textes écrits par des individus qui avaient leurs intérêts politiques ou d’autres natures à défendre . Jamais quelqu’un n’a prétendu que la bible était une oeuvre divine. Les Chrétiens et les juifs parlent d’un livre «inspiré» par Dieu mais nullement une œuvre de Dieu (1).

Le Coran est tout le contraire. Pour les musulmans, le Coran est un «miracle» qui «éblouit le monde», c’est-à-dire une œuvre purement divine: «Le Coran n’a pas été inventé par un autre que Dieu» (sourate X, 37 ), incréée et présente depuis l’éternité sur la «Table gardée» (sourate LXXXV, 22), en aucun cas Mahomet n’en est l’auteur celui-ci n’étant qu’un «haut parleur» par lequel Dieu s’adresse aux hommes lors de ses «révélations», grâce à l’intermédiaire de l’Archange Gabriel. Ce «miracle», les musulmans peuvent toujours le montrer concrètement à l’univers entier, ce qui est pour eux une des preuves de la supériorité de l’islam sur le christianisme et le judaïsme, deux religions incapables de montrer aujourd’hui les miracles de Jésus ou de Moïse (2).

Pour démontrer que le Coran est d’origine divine, il faut aux musulmans prouver que Mahomet était incapable de l’écrire. Dans le cas contraire, ses «révélations» s’avéreraient n’être que des supercheries. C’est pour cela qu’ils le présentent comme un: «bédouin illettré»: en fait plus on le montre inculte mieux c’est, puisque l’objectif est de démontrer qu’il était parfaitement incapable d’avoir écrit ce texte.

En réalité, Mahomet n’a jamais été un bédouin, il habitait La Mecque qui, plus que tout autre endroit en Arabie, méritait bien le titre de ville au VIIème siècle. Mahomet était un citadin. S’il a conduit des caravanes dans le cadre de son activité commerciale, sous la direction de sa première femme, Khadïjah, qui en fait était sa patronne, il n’a jamais été un nomade, cela relève d’une falsification de la réalité historique. L’islam est né à La Mecque et est le produit d’une civilisation urbaine.

L’illettrisme de Mahomet est volontairement souligné dans la tradition musulmane lors du premier dialogue avec l’Archange Gabriel: «Lis! dit l’archange à Mahomet, «Je ne sais pas lire» répondit-il. «Lis!» reprit l’archange accompagnant cette injonction d’une étreinte. «Je ne sais pas lire» répondit Mahomet une seconde fois. «Lis» intima l’archange une troisième fois et pour la troisième fois Mahomet répondit «Je ne sais pas lire». Mais cette tradition vient en contradiction avec la source majeure que nous possédons pour connaître la vie de Mahomet, la Sîrah qui nous apprend qu’en fait, il savait parfaitement lire et écrire .

Le Coran est, pour les musulmans, la parole même de Dieu stricto sensu. C’est ce que les Occidentaux ignorent pour la plupart et même pour ceux qui en ont connaissance, il est très difficile d’assimiler tout ce que cela implique comme conséquences fondamentales.

D’abord, le Coran étant une œuvre divine, il est considéré par les musulmans comme d’un style inégalable, puisqu’un homme ne peut pas écrire dans un style supérieur à celui de Dieu et tous ceux qui ont prétendu avoir écrit un texte littérairement supérieur à ce texte, ont été persécutés: «Dis: «Si tous les hommes et les Djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne produiraient rien qui lui ressemble, même s’ils s’aidaient mutuellement» (XVII, 88). Si une oeuvre humaine est par définition imparfaite, le Coran ne peut pas l’être puisque Dieu ignore l’erreur, il est par définition infaillible. Il n’a pas à être interprété ou analysé, la Parole de Dieu ne peut l’être, elle ne peut qu’être suivie. Coran veut dire d’ailleurs «récitation», ce qui est parfaitement logique avec la perception musulmane de ce texte, la parole de Dieu ne peut qu’être apprise par cœur afin d’être suivie à la lettre puisqu’il ne peut pas être de la compétence des croyants de remettre en cause Dieu lui-même. Apprendre par cœur le Coran est donc un devoir pour tout musulman afin que sa vie ne soit pas en contradiction avec les règles édictées par Dieu lui-même (3).

Pour démontrer que le Coran est d’origine divine, les musulmans font appel à des scientifiques convertis. Cette problématique est parfaitement illustrée dans le livre: «Ceci est la vérité, les hommes de science face au Coran» (4). Ainsi s’efforcent-ils de coller certains versets à des connaissances scientifiques contemporaines afin de démontrer que le Coran contient des connaissances scientifiques inconnues à la date de sa transmission aux hommes et n’a donc pas pu être conçu par des êtres humains.

Ainsi les versets suivants: «De quoi l’a-t-il [l’homme] créé? D’une goutte de sperme» sourate XXXII 8; voir les autres versets sur le même thème: XXXV 11; XL, 67; LXXV 37-38; LXXVI 2; LXXX, 18-19; «Qu’avez-vous à ne pas vénérer Dieu comme il se doit alors qu’il vous a créé par phases successives.» LXXI 13; «…Dans le ventre de vos mères il vous façonne phase après phase au fond de trois ténèbres.» sourate XXXIX 6, démontreraient la présence dans le Coran de connaissances en embryologie inconnues au VIIème siècle et par conséquent, ces informations ne pouvaient pas provenir d’une source humaine. Malheureusement Dieu a oublié de mentionner l’ovule qui n’existe pas dans le Coran, reléguant la femme dans un rôle de réceptacle dans la procréation, un réceptacle…

Il a oublié aussi de mentionner les chromosomes, mais je ne désespère pas qu’un musulman ne les trouve, un jour, au détour d’un verset. Le professeur Van Bersoud , cité dans le livre ci-dessus, trouve bien le Sida dans un hadith de Mahomet: «La turpitude n’apparaîtra pas dans une communauté qui l’a proclamée jusqu’à devenir publique, sans que la peste, et des maux que leurs prédécesseurs n’ont pas connus, se répandent au sein de cette communauté» (5). Pour ce «scientifique», les maux nouveaux désigneraient évidemment le Sida!

Autre exemple de ce florilège «scientifique», le verset 56 de la sourate IV: «Nous supplicierons bientôt par le feu ceux qui ont rejeté Nos signes; lorsque leur peau consumée se détachera en lambeaux, une autre (peau) intacte viendra prendre sa place pour qu’ils subissent enfin leurs tourments. Certes, Dieu exerce la toute-puissance, il est la sagesse même.». Ce verset démontrerait l’existence d’une notion qui évoque l’importance des terminaisons nerveuses de la peau en matière de sensibilité. Cela signifierait que la connaissance que la sensation de la douleur réside dans la peau, inconnue au VIIème siècle, est présente dans le Coran, c’est pourquoi il est nécessaire à Dieu de la créer une nouvelle fois pour continuer à faire souffrir les mécréants. Le problème est qu’il s’agit de morts et on ne voit pas pourquoi Dieu devrait leur faire pousser une nouvelle peau pour punir des «âmes» immatérielles.

Qu’Adam soit né sans père ni mère et que Jésus soit né sans père, ne serait pas une impossibilité scientifique puisque la science a découvert cette possibilité chez les animaux: «mais voilà que la science découvre que nombreux sont les animaux inférieurs, et beaucoup d’autres créatures, qui se reproduisent aujourd’hui sans fécondation par élément mâle: les abeilles par exemple, toutes les abeilles femelles font des œufs non fécondés par le liquide mâle et les œufs qui le sont donnent des femelles.
Quant aux mâles, ils sont créés à partir des œufs de la reine, sans liquide mâle et les exemples sont nombreux sur ce point. Bien plus! Les progrès scientifiques ont prouvé qu’en manipulant les œufs de certaines créatures, on peut les faire évoluer sans besoin de fécondation par le mâle. D’ailleurs le professeur Goironger en parle ici: «De toute façon, pour traiter ce sujet il faudrait se rappeler que les œufs non fécondés de beaucoup d’animaux non vertébrés, amphibiens et mammifères inférieurs, pourraient par des méthodes mécaniques ou des méthodes nouvelles, telles que le choc thermique ou par des moyens chimiques, tel l’usage de produits chimiques différents, continuer d’évoluer jusqu’à un stade très avancé. Chez certaines espèces, ce genre d’évolution génétique est considéré comme étant naturelle». Et l’auteur de conclure: «Où est donc le problème évoqué par certains chrétiens qui disent qu’il ne peut y avoir de créature à partir de la mère en l’absence du père?»
(6). Il me semble pourtant qu’il existe un dogme chrétien de «l’Immaculée conception». Pauvre Sainte Vierge placée au même niveau que les abeilles ou les batraciens et qui a dû subir un sacré choc thermique!

Ainsi, le Coran recèlerait d’après les musulmans des connaissances scientifiques extrêmement récentes relevant de l’embryologie, de la médecine, de la géomorphologie, de l’océanographie ou de l’astronomie, connaissances parfaitement inconnues à l’époque de Mahomet qui prouveraient par cela l’origine divine de la rédaction du Coran, puisqu’aucun homme du VIIème siècle n’avait les moyens de les appréhender. Malheureusement, la science n’a pas établi l’existence des djinns présentés dans le Coran à plusieurs reprises et encore moins celle de Dieu!

Inutile de dire que tout ce fatras relève de la plus pure escroquerie intellectuelle si ce n’est carrément du lavage de cerveau. Le plus scandaleux est que certains scientifiques lui donnent leur caution.

Mais la conséquence la plus grave, c’est qu’en considérant le Saint Coran comme un «miracle», les musulmans justifient et légalisent les pires atteintes aux droits de la personne humaine:

– Le meurtre des non-musulmans par les musulmans: sourate II verset 190-191: «Dieu n’aime pas les transgresseurs – Tuez-les partout où vous les rencontrerez; (…)», les transgresseurs étant les juifs et les chrétiens qui ont reçu le message divin mais l’ont transgressé. «Après que les mois sacrés se seront écoulés, tuez les polythéistes, partout où vous les trouverez; capturez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades.» IX, 5. «O vous qui croyez! Combattez ceux des incrédules qui sont près de vous. Qu’ils vous trouvent durs. Sachez que Dieu est avec ceux qui le craignent.» IX, 123, les incrédules étant tous ceux qui ne reconnaissent par Mahomet comme prophète (les polythéistes, les juifs et les chrétiens).
– Le vol des biens des non-musulmans par les musulmans: sourate VIII «Le butin», 41: «Sachez que quel que soit le butin que vous preniez, le cinquième appartient à Dieu, au Prophète et à ses proches, aux orphelins, aux pauvres et au voyageur, (…) »; XLVIII «La victoire», 20 «Dieu vous promet un butin abondant dont vous vous emparerez».
– L’inégalité entre les hommes, les musulmans étant supérieurs aux autres hommes: sourate III, 139: «Ne perdez pas courage; ne vous affligez pas, alors que vous êtes des hommes supérieurs, si vous êtes croyants.».
– L’inégalité entre les hommes et les femmes: sourate IV, 34: «Les hommes ont autorité sur les femmes, en vertu de la préférence que Dieu leur a accordée sur elles, et à cause des dépenses qu’ils font pour assurer leur entretien.».

On pourrait en citer bien d’autres, contre les Juifs et les Chrétiens.

Le Coran et ses préceptes sont totalement incompatibles avec la démocratie mais, comme ce sont des consignes divines, elles sont obligatoires et les musulmans doivent les suivre. Elles sont même supérieures à toutes les lois humaines puisque d’origine divine, elles sont par conséquent intouchables et incontournables. Du point de vue coranique, un terroriste musulman n’est pas en contradiction avec les préceptes du Coran et reste donc un bon musulman. D’ailleurs les fatwas touchent des démocrates et tout à fait exceptionnellement des terroristes musulmans, il a fallu attendre jusqu’à mars 2005 pour qu’une fatwa soit lancée contre Oussama Ben Laden, émanant de la commission islamique d’Espagne.

Comme l’affirme Anne-Marie Delcambre, ce ne sont pas les islamistes qui constituent le problème essentiel, mais bel et bien les textes.

C’est aux musulmans de reconnaître que le Coran, tel qu’il nous est parvenu, est l’œuvre d’êtres humains qui l’ont écrit et organisé après la mort de Mahomet et à l’aune de leurs intérêts, qu’étant œuvre humaine, ses versets peuvent être critiqués, rejetés le cas échéant, et que certains de ses préceptes, s’inscrivant dans le monde du VIIème siècle, représentent à notre époque une parfaite incompatibilité avec les droits de l’homme. Le problème est que les Musulmans installés en Occident doivent se plier aux lois occidentales. S’ils n’arrivent pas à cette remise en cause, ils démontrent qu’ils sont incapables de s’intégrer à un système démocratique.

« Je n’ai créé les Djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent. » LI, 56.

Louis Chagnon est historien

Notes et bibiographie :

1 Pour l’Ancien Testament, je renvoie au livre d’ Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, La bible dévoilée, Bayard, 2002.
2 Toutes les références au Coran sont tirées de la traduction de Denise Masson dans la Pléiade.
3 Ibn ‘Ishâq, Muhammad, traduction, introduction et notes par Abdurrahmâm Badawî, Beyrouth, Albouraq, 2001, t. II, p. 525.
4 Pour toute cette problématique, je me base sur le livre : Ceci est la vérité, les hommes de sciences face au Coran du cheik Abdel-Majid Zendani, adaptation de Omar Laazouzi, IQRA, Paris, 2002.
5 Ce livre le présente comme Chef du service de chirurgie à la faculté de Melhouton, Canada.
6 Op. cit. p ; 97.
7 Op. cit. p. 47.

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