La presse, représentée par un seul photographe bien discret, avait reçu des ordres. Taire autant que faire se pouvait ta judéité. Je ne m’en suis guère étonné. Quelques courageux journalistes ont tout de même mentionné que tu avais été inhumé dans le carré juif. Merci à eux, qui se battent pour que la vérité soit dite, malgré la pression, l’angoisse et les menaces.
Hier, autour de toi, une foule de mères, de pères, de sœurs et de frères priaient ensemble. Et l’on pouvait voir s’élevait de leurs bouches leur supplique unique, portant vers le Ciel d’innombrables questions, pétries de peine et de sourde colère. Et puis, délicatement, avec une infinie pudeur, chacun a recouvert ta dernière couche d’un peu de terre sableuse, plus sombre par endroits de ses larmes versées.
Avec quelques autres de tes amis, connus ou non, je suis resté un peu plus longtemps. Ensemble, silencieusement, nous avons terminé de te recouvrir.
Les questions sans réponse se bousculent. Cette nuit, durant les quelques heures où j’ai trouvé le sommeil, je t’ai vu. Drapé d’une étoffe blanche, beau, serein et souriant, tu étais là, noble, assis à la table des Justes et des Anges, célébrant avec eux le Chabbat. Et l’on pouvait voir de vos bouches des cantiques et des rires, s’élevant et se fondre dans une vraie Lumière.
Chabbat Chalom, Ilan, mon petit frère.