6 juin 2023
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Ahmadinejad n’est pas unique au monde

Il convient de rappeler que Mahmoud Ahmadinejad a à de maintes reprises appelé à rayer Israël de la carte, une rhétorique rappelant les années Khomeini du début de la révolution islamique de 1979.

En réalité, par cette déclaration, le chef de l’Etat iranien a affirmé publiquement ce que pensent bon nombre de ses homologues arabes. Pour qui veut saisir ce climat, il est impératif de savoir que le président de la république islamique n’a fait que répéter ce qu’apprennent les écoliers dans le Moyen-Orient arabe.

L’exemple du pays du Nil, le membre de la Ligue arabe qui entretient les liens les plus étroits avec Israël, est symptomatique de cette atmosphère. Si l’Egypte est en effet signataire d’un accord de paix avec Jérusalem, l’Etat hébreu ne figure pas sur ses cartes officielles, ni dans les manuels scolaires, ni dans ses médias, pas plus que dans les publications du ministère des Affaires étrangères.

Il est très courant d’entendre des universitaires renommés, des intellectuels ou des acteurs de cinéma, appeler publiquement à la destruction de l’Etat juif sur des chaînes gouvernementales. D’autres affirment, confiants, que le Shoah serait un “mythe gigantesque” pour reprendre les termes employés récemment sur la première chaîne gouvernementale égyptienne par Dr Abdelwahab El-Massiri, spécialiste de la “question juive” à l’université cairote d’Ein-Shams.

Il y a à peine quatre ans, le Premier ministre de l’époque, Atef Ebeid, avait déclaré à un média local que si l’Egypte en avait eu les moyens, elle n’aurait pas hésité à entrer en guerre contre Israël. Cela, c’est sans compter, bien entendu, les propos haineux et irresponsables des officiels de l’institution religieuse. Dans un ouvrage intitulé Histoire des enfants d’Israël, l’actuel cheikh d’Al-Azhar, Mohamed Sayed Tantawi, écrit que les Juifs sont les ennemis naturels de la oumma musulmane et que tout accord de houdna conclu avec eux ne peut être que provisoire.

Une question spécifique de compréhension politique se pose cependant quant à la démarche de Mahmoud Ahmadinejad : quel intérêt ont les dirigeants iraniens à menacer ponctuellement le lointain voisin israélien ?

Il importe d’abord de saisir que, pour les maîtres de Téhéran, Israël constitue une aubaine. Il permet en effet à l’Iran de réclamer à son profit la prépondérance au Proche-Orient, au moment où l’image de l’Iran est à son plus bas niveau depuis la fin de la guerre Iran-Irak en 1988. Si dans les chancelleries arabes l’ancien pasdaran est souvent taxé d’arabophobie, Téhéran est surtout accusé d’avoir des vues hégémoniques sur le nouvel Irak post-baathiste. Lors, pour tenter d’améliorer son image au sein de l’opinion publique arabe, le président de la république islamique n’a pas trouvé mieux que d’user de la potion magique antijuive dont les effets ne sont plus à découvrir.

En se référant régulièrement à l’imam Khomeini, Ahmadinejad entend de plus faire valoir que sa position n’est pas conjoncturelle, mais qu’elle s’inscrit dans la continuité de la politique traditionnelle trouvant son origine dans les idéaux de la révolution islamique. Prise dans cette dynamique, la condamnation des propos irresponsables du président iranien serait synonyme de condamnation de la vision de la figure emblématique de la révolution islamique à laquelle se réfère en permanence Mahmoud Ahmadinejad.

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