Avant de répondre à la question, faisons une observation préalable : en premier lieu, jamais aucun média n’a organisé un débat entre un islamiste et un musulman disons “classique” pour clarifier la notion de Djihad, (qu’il s’agisse du “grand”, ou du “petit”…). Pourquoi ? Et en quoi un islamiste n’aurait-il pas le “droit” d’exposer lui aussi sa vision autrement plus musclée que la moyenne des musulmans ? Parce qu’il a été posé un apriori non démontré par divers spécialistes (dont Gilles Kepel) stipulant qu’il ne sert à rien de discuter avec les islamistes car ils ne représentent pas le “vrai” islam, et qu’en réalité leur prose s’avère pauvre, et qu’au fond ces gens ne sont pas très intelligents, n’ont-ils pas “deux à trois neurones” avait souligné Gilles Kepel à propos de son livre Al Keida dans le texte ?
Qu’a donné cette méthode de non débat, que l’on a vu dans toute son ampleur lors de l’affaire des caricatures ? Encore plus de violence, d’intolérance, et c’est tout à fait normal puisque l’on ne fixe plus aucune limite à l’islam en le mettant devant ses propres contradictions, en se confrontant intellectuellement à lui, on laisse ainsi, à la façon d’un adolescent auquel il serait interdit de dire quoique ce soit sous peine de le frustrer voire l’offenser, proliférer la vision la plus “hard” de l’islam ; et l’on atteint le paradoxe effarant de voir certains courants islamistes se montrer de plus en plus violents pour prouver que…l’islam est une religion de paix !…
Le Pape Benoît XVI, sans doute nourri de l’histoire tumultueuse de l’Eglise dont la toute puissance avait été déléguée au politique qui l’avait interprétée de manière musclée (alors que Christ avait nettement distingué César et Dieu…) a posé le débat à hauteur de jeu, c’est-à-dire du point de vue de ce que la vérité religieuse pourrait nous dire qui renforcerait et non infirmerait l’autorité de l’homme sur sa propre destinée. Or, la question de la violence en général a été accaparée par les discours ratiocinants qui réduisent toujours celle-ci à un manque ou à une conséquence d’une situation de misère alors qu’il se peut fort bien que cette violence se déchaîne en raison d’une interprétation exigeant que tous se soumettent à ce que l’on croit être la parole de Dieu….
On ne peut expliquer les actuelles violentes inter-religieuses en Irak, ou encore la multiplication des attentats suicides dans divers endroits du monde comme l’unique résultat d’une frustration sociale et politique donnée. Il y a là derrière une volonté théologico-politique d’imposer sa vision du monde au nom du Coran donc de Dieu, et cette volonté a de nombreux défenseurs qui ont pignon sur rue puisqu’ils ne posent pas, eux, des bombes, tout en les justifiant ; or, il s’agit d’entamer avec eux un débat pour montrer à tous ceux qui refusent de réfléchir que c’est, au contraire, bien le moment, du moins si l’on pense qu’il faut avancer, progresser dans l’évaluation de ses propres interprétations, afin que l’Humanité puisse dans sa diversité continuer à s’affermir dans la réelle liberté vraie, c’est-à-dire qui nous libère de la violence et de la fascination qu’elle exerce.
Ce n’est pas en étouffant le débat que l’on évolue vers plus de tolérance et de compréhension.
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le même article sur Agoravox avec les réactions…auxquelles vous pouvez répondre, ou alors, commentez ici…
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