S’ajouteraient beaucoup d’autres dépenses adjacentes effacées et c’est là que l’on retrouve les « Parlottes et les Fêtes ».
Les parlottes sont des réunions luxueuses que les politiques convoquent en vue de masquer leur échec dans un certain nombre de domaines et pour faire soi-disant surgir des solutions. Les fêtes accompagnant les parlottes en sont l’ornement et forment le plaisir des participants. Le nouveau pouvoir a déjà prévu un « Grenelle de l’environnement » et des « Etats généraux » pour un certain nombre de problèmes liés au dialogue social.
Si les fêtes sont les conséquences des parlottes, l’inverse est également vrai. Dès lors qu’il y a un palais, il y a des locaux pour les fêtes ce qui oblige à convoquer les parlottes pour justifier les locaux. La somptueuse mairie de La Baule, qui a ruiné les habitants de cette magnifique cité balnéaire, est manifestement bâtie autour de locaux préparés pour faire la fête, ce qui n’empêche pas qu’il y a aussi dans la même station un luxueux centre de congrès.
À l’attention des lecteurs qui seraient étonnés du nombre approximatif de 500 palais à vendre voici quelques précisions.
L’installation du nouveau pouvoir a permis à la presse de donner, sans pudeur aucune, la liste des résidences réservées au sommet de l’État. La présidence de la république dispose, en dehors du palais de l’Élysée, d’un palais voisin rue du faubourg Saint-Honoré, du château de Rambouillet, du fort de Brégançon, du manoir de Soucy-la-Briche. En regard, le président des États-Unis, qui est le plus puissant et le plus riche pays du monde, ne dispose que de la Maison-Blanche et de camp David lequel est plutôt sinistre : quand le président élu ne possède pas de ranch personnel, il y a un problème pour l’organisation de ses vacances. Le premier ministre français jouit du pavillon de la lanterne à Versailles et le ministre des affaires étrangères du château de la Celle Saint-Cloud et d’un autre, le Butard.
Il est plus que probable que cette liste au sommet de l’État est incomplète ; le désordre de la gestion immobilière de l’État et l’absence d’inventaire font penser qu’il y a d’autres ressources cachées ; la fille naturelle d’un ancien président de la république a été logée pendant très longtemps gratuitement dans un magnifique appartement dans le septième arrondissement. Il est clair que l’Etat peut fonctionner et recevoir convenablement ses hôtes de marque, tout en vendant la plus grande partie de ces résidences.
La liste des palais à vendre dépasse immensément ce que l’on remarque au sommet de l’État et se démultiplie dans toutes les échelons successifs.
Lors de l’installation des nombreux ministres et secrétaires d’État une bataille homérique s’est déroulée chacun voulant conquérir un hôtel particulier parmi un grand nombre de belles résidences dans les beaux quartiers de Paris.
Georges Frêche, le président de la région Languedoc-Roussillon, s’est fait construire un palais pharaonique à Montpellier. Dans le bureau magnifique de son palais, il montre la décoration aux journalistes ; il va même dans les WC pour souligner que le pot pour la balayette a été signé par un grand créateur et a coûté 396 € !
A Issoudun, un palais des congrès parfaitement mégalo, du à la folie d’André Laignel, a été bâti, ce qui n’empêche pas qu’il existe un centre de loisirs, une salle des fêtes et un centre culturel, ceci pour une ville de 15 000 habitants.
Le Conseil régional de Rhône-Alpes a décidé de transférer ses installations de Charbonnières-les-Bains à Lyon Confluence. Coût total : 107 400 000 euros ; vente du site de Charbonnières-les-Bains : 18 300 000 euros. Endettement en conséquence : 89 100 000 euros.
Ce qui multiplie les palais, c’est aussi l’entassement des structures plus ou moins parasitaires. La mode des « agglomérations » se répand. Nous connaissons au moins un chef-lieu ou la présidence de « l’agglo » s’est dotée d’un magnifique palais dans une ville qui compte déjà plusieurs palais publics.
Tel conseil général que nous connaissons possède un magnifique hôtel particulier dans la plus belle rue de la ville pour les réceptions intimes, les réceptions plus « solennelles » ayant lieu dans la magnifique salle à manger du président.
En dessous des palais se trouvent les appartements publics. Une forme d’enrichissement particulièrement prisée par les élus et fonctionnaires de tous ordres est celle de disposer d’un appartement gratuit qualifié de logement de fonction, la magnificence des lieux étant en rapport avec la dignité de l’occupant. Un rapport de l’Inspection des finances indique qu’il y en aurait 137 507 au total (admirez le 7). Leur valeur locative est de 1,4 milliard d’euros et ils sont loués pour 30 millions d’euros seulement.
Il y aura beaucoup d’objections à l’idée de vendre les palais. L’un des principes les plus meurtriers de la « République Fromagère » s’écrit : « pas vu, pas pris ». C’est l’une des explications de l’absence d’inventaire, personne n’ayant intérêt à le faire. L’avantage d’habiter un magnifique palais ou d’y travailler ou encore de résider dans un splendide appartement est tel que bien des résistances sont à prévoir.
Une objection éventuelle est que la mise en oeuvre juridique et pratique d’une telle opération sera difficile. Mais, justement, nous avons des énarques qui sont les personnes les plus intelligentes du monde et que, paraît-il, le monde entier nous envie : ils ne doivent donc pas avoir de difficultés à mettre rapidement sur pied le mécanisme nécessaire pour vendre les palais. Beaucoup de ces palais seront achetés par des sociétés qui rendent de vrais services à leurs clients, alors que l’on cherche en vain les services réels que rendent les fonctionnaires qui servent dans les palais et dont l’action est si souvent négative.
Il existe en France 7 000 000 de travailleurs qui vivent en dessous du seuil de pauvreté sans compter les nombreux exclus. La paupérisation croissante vient directement de ces folies que les élus et leurs compagnons de route s’offrent pour leur plaisir et leur confort.
En Suisse, pays riche parce que libre, seuls le Président de la Confédération et deux conseillers fédéraux ont un logement de fonction et, nullement dans un palais !
Une réflexion sur « La vente des palais »