15 janvier 2025

Quel renouveau pour le Nord ?

La classe politique américaine et européenne préfère caresser dans le sens du poil leurs électorats respectifs plutôt que d'accomplir une politique non pas d'austérité, sèche et brutale, mais ouverte vers le futur et vers le monde en ce sens qu'elle planifierait et accompagnerait les mutations, du moins celles qui sont prévisibles.

Il est temps d'admettre par exemple que le Nord se spécialise de plus en plus dans les industries de pointe et que se profile à l'horizon l'agriculture de qualité, la néo-ruralité, le tourisme culturel, les échanges "éducationnels" basés sur un Internet haut débit gratuit dynamisant le tissu urbain et la formation via les mairies et les écoles, tandis que la propulsion des transports propres à base d'hydrogène et d'énergie renouvelable permettrait de penser autrement la ville.

De son côté, le Sud -tout en ne négligeant pas ces nouveaux domaines, doit continuer à se spécialiser profondément dans les métiers aujourd'hui en voie de saturation au Nord et/ou engoncés dans des désuétudes et autres désenchantements.
On voit d'ailleurs cette division se réaliser au sein même de l'immigration du Sud venant au Nord lorsqu'elle vient faire des métiers que les gens du Nord ne veulent plus accomplir…

Bien sûr d'aucuns peuvent rétorquer que justement le déficit du droit social des pays du Sud et la brutalité des délocalisations dans les pays du Nord empêchent de raisonner ainsi et qu'en fait la mondialisation s'est restreinte à une globalisation des économies d'échelle sur fond de manipulations financières, délits d'initiés et corruption comptables, ce qui nécessiterait d'interdire les délocalisations, de taxer les flux financiers, de convaincre les pays du Sud à ne pas adopter le style de la société de consommation occidentale, appauvrissant et destructeur de la planète.

Hélas! la réalité est plus complexe puisque par exemple le Sud a bien plus affaire aujourd'hui au défi urbain, c'est-à-dire au phénomène, conjoint, de la technique et de la ville, à ce que cela veut donc dire que de "monter à la ville" comme on le disait en France dans les années 30-50, qu'à la seule emprise des volontés de puissance négatives profitant de la complicité des élites locales pour s'enrichir avidement. Et puis que veut-on vraiment? Que les enfants, les femmes, se prostituent ou qu'ils travaillent tout de même au Sud avec des droits minimums ?

Ce n'est pas en proposant plutôt la frugalité au lieu du confort que l'on arrivera à faire admettre aux peuples"qu'il faille réguler" alors qu'ils ont été privés de tout, surtout depuis leur indépendance…
Et puis, le Nord aurait-il oublié son propre exode rural? Son désir de ville? Lorsque les vilains justement fuyaient la servitude qu'entretenaient la tradition et le clan.

Le Nord peine de toute façon à s'entendre au niveau mondial pour façonner les institutions adéquates aux exigences d'une régulation mondiale. De l'autre côté les mouvements dits "antiglobalisation" ont oublié que pendant des années leurs têtes pensantes ne sont pas battues pour réformer "le Système" dans ce sens là mais en vue de le détruire purement et simplement.
Il n'est dans ce cas pas étonnant d'observer que l'absence de contre-pouvoirs issus de la société civile face à la quasi-unanimité d'une classe politique mondiale productiviste et quantitativiste, ait engrangé un retard considérable en matière de régulation planétaire, ce qui alimente, qu'on le veuille ou non, la justification antimoderne des courants totalitaires de tous horizons et de plus en plus à l'unisson dans la haine et la rancœur, et entrave de plus en plus l'économie mondiale à la recherche d'un nouveau souffle industriel et sociétal.

Donner des lecons au monde avant de balayer devant sa porte, c'est encore une fois réitérer l'histoire de la paille et de la poutre. Au détriment de tous, planète comprise, même si celle-ci ne va pas aussi mal qu'il est prétendu par ceux dont le refus d'appeler à la réforme plutôt qu'au renversement aggrave au lieu de soulager les pollutions et les inégalités, au Nord comme au Sud.

25 février 2007

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *